Accordons-nous sur ce qui nous unit, développons des partenariats et des
échanges au niveau de la science, de l’économie et des technologies -à condition
que ce ne soit pas du nucléaire…- et essayons de progresser sur ce qui nous
unit.
Ce qui nous unit ? Ce sont les valeurs universelles, la science, la technologie
et le savoir. Dan Clune assure le poste de secrétaire principal adjoint au
Bureau des Océans et des Affaires internationales environnementales et
scientifiques. Il a récemment séjourné en Tunisie dans la continuation de la
mission entreprise au mois de mars dernier par Elias Zerhouni, envoyé spécial du
président Obama pour développer les partenariats scientifiques avec les pays
arabes et musulmans. Entretien.
Webmanagercenter : Que fait le secrétaire principal adjoint au Bureau des Océans
et des Affaires Internationales Environnementales et Scientifiques en Tunisie ?
Dan Clune : Je suis là dans le cadre de la concrétisation des nouvelles
orientations exprimées par le président Obama dans son discours au Caire qui
parlait de l’importance de démarrer une nouvelle ère dans les relations des USA
avec les pays arabes et le monde musulman, et qui a appelé à focaliser sur les
valeurs que nous partageons et sur les problématiques qui nous intéressent au
même titre. Parmi ces thématiques importantes, figurent la science et la
recherche qui ont un impact certain sur le développement économique. Le
président a donc chargé des envoyés de missions scientifiques. M. Elias Zerhouni,
d’origine algérienne, a été nommé par le président Obama, au poste d’envoyé
spécial des Etats-Unis pour la Science et la Technologie pour la région ; il est
né en Algérie et a vécu aux Etats-Unis où il a occupé le poste de directeur
général des NIH, ou Instituts Nationaux de la Santé et a étudié à la Faculté de
médecine aux Etats-Unis. Il est venu au mois de mars pour étudier les
possibilités de développer la coopération entre les USA et la Tunisie, et je
suis là pour assurer le suivi de ce qui a été déjà entrepris. Nous voulons
étudier les moyens de rehausser le niveau de nos relations dans leurs volets
scientifiques et technologiques.
Comment se traduira cette collaboration dans la réalité ?
J’ai visité le techno-parc de Borj Cedria ainsi que les laboratoires de
recherches ; j’ai trouvé que ce que s’y réalise est très intéressant. Les
recherches sur les ressources hydrauliques et celles touchant à l’effet du
calcaire sur les conduits de l’eau et leurs répercussions m’ont interpellé. Ce
problème est vécu à l’échelle mondiale et y trouver une parade pourrait servir
les intérêts de nombre de pays.
J’ai également visité un autre laboratoire où les chercheurs s’appliquent à
trouver une solution à la sécheresse et mettent au point des plans pour lutter
contre la désertification et l’impact du taux de salinité de l’eau sur les
plantes. Aux Etats-Unis, nous sommes très au fait et avancés en la matière et
nous y faisons face grâce à l’irrigation.
J’ai eu l’occasion de voir les responsables au ministère de l’Enseignement
supérieur et de la Recherche scientifique, je pense que le premier pas à
accomplir est de finaliser l’accord technologique et scientifique négocié entre
les deux pays et qui date de 2004. Sa signature est indispensable pour
construire un partenariat efficient. Le gouvernement tunisien travaille
aujourd’hui sur quelques petites modifications en rapport avec cet accord qui
sera bientôt envoyé pour approbation au gouvernement américain. Une fois cet
accord finalisé, une commission mixte sera composée et c’est à elle d’envisager
des actions concrètes pour développer la coopération entre les deux pays.
Pour ma part, je travaille pour le département d’Etat mais d’autres agences
scientifiques seront des membres de cette commission, à titre d’exemple l’INS
(Institut national de Santé). Grâce à cette commission, nous pourrions mettre en
place les meilleures formules de partenariat, d’aide et de soutien que nous
apporterons à nos vis-à-vis tunisiens.
Quel est le soutien que vous pourrez apporter au secteur de la recherche
scientifique en Tunisie ?
Tout dépendra de l’accord, il y a d’ores et déjà des accords de partenariat
entres des institutions tunisiennes et américaines. Il y a un master conjoint
entre l’Université de Sfax, l’ENIT et une université américaine ; il y a
également une recherche conjointe sur le développement de nouvelles formes
d’énergies et de technologies, tel le bio-fuel qui sert à produire du carburant
à partir des résidus des olives ; un autre master sur la robotique entre
l’Université de Sfax et celle du Texas. Un autre projet est en train d’être
réalisé entre le Technoparc de Borg Cedria et l’Université du Nevada sur les
plantes qui peuvent résister à la sécheresse et au sol à haute salinité.
Cela fait longtemps que nous n’avons pas vu autant d’engouement de la part des
Etats-Unis pour le Maghreb, qu’est-ce qui expliquerait autant de visites de
délégations et d’officiels américains dans la région ? Est-ce stratégique ?
Quels sont les intérêts américains dans la région ?
Le président Obama a parlé au Caire de la coopération scientifique et des
valeurs communes entre nous et le monde arabo-musulman, il croit et nous croyons
nous tous que la science peut nous unir ; nous essayons de traduire cette
démarche dans la réalité par des actions concrètes. Nous sommes engagés à
développer le débat sur nombre de thématiques qu’elles soient scientifiques ou
économiques. Nous sommes également en train de développer notre coopération avec
la Chine aux niveaux scientifique et technologique, et là il ne s’agit pas que
du monde arabe ou musulman, nos orientations évoluent à l’international.
M. Zerhouni, envoyé du président Obama a parlé lors de sa visite en Tunisie au
mois de mars du rôle de la langue anglaise dans l’accès au savoir, y aurait-il
une offensive américaine pour développer l’apprentissage de l’anglais dans des
pays traditionnellement considérés comme les fiefs de la francophonie ?
Je ne le pense pas, nous ne comptons pas faire la concurrence à la francophonie
ou à la langue française. Nous n’avons pas l’intention de supplanter le français
ou d’imposer l’anglais. En Tunisie, vous êtes multi-langues, vous parlez arabe,
français et de plus en plus anglais ; chez nous, nous parlons essentiellement
anglais. Apprendre plusieurs langues peut servir pour le développement
scientifique et économique d’un pays.
Vous avez parlé de l’apport de la coopération scientifique au développement
économique d’un pays, comment pourrait-elle se répercuter sur le terrain ?
Votre gouvernement a d’ores et déjà développé ces orientations en créant les
technoparcs. Aux Etats-Unis, nous avons les Centres de recherches, les
technoparcs, les centres académiques situés tout près des pôles économiques. Il
y a des aires et des complexes intégrés dédiés à ses activités et il y a un lien
très important entre la recherche, la technologie, l’université et
l’entrepreneuriat.