Nouvelle semaine d’angoisse à Wall Street, frappée par la crise européenne

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ée de Wall Street le 21 mai 2010. (Photo : Spencer Platt)

[22/05/2010 07:26:11] NEW YORK (AFP) La Bourse de New York a connu une nouvelle semaine d’angoise face à la crise budgétaire de la zone euro, qui a réveillé le spectre d’une nouvelle crise financière de nature à enrayer la reprise de l’économie mondiale.

“C’est une semaine comme on n’en avait plus vu depuis au moins 14 mois”, soupire Art Hogan, de la maison de courtage Jefferies.

Autrement dit, depuis mars 2009, quand le Dow Jones s’effondrait à ses plus bas niveaux depuis 1997. Il a rebondi de 70% sur les douze mois suivants.

Sur la semaine écoulée, l’indice phare de Wall Street a chuté de 4,02% à 10.193,39 points, après un nouvelle brève incursion vendredi sous les 10.000 points, comme lors du “krach éclair” du 6 mai.

Le Nasdaq, à dominante technologique, a lui abandonné 5,02% à 2.229,04 points et l’indice élargi Standard & Poor’s 500 4,22% à 1.087,69 points.

L’angoisse du marché n’a cessé de s’intensifier jusqu’à jeudi, journée marquée par la plus forte chute du Dow Jones depuis mars 2009 (-3,60%). Cette forte baisse a porté son recul à plus de 10% depuis ses sommets du mois d’avril, ce qui le place en jargon technique en mode de correction.

“C’est une semaine très violente”, confirme Evariste Lefeuvre, chef écononomiste au bureau new-yorkais de Natixis. “On ne s’intéresse plus tellement à savoir si les actions sont chères ou pas. Je ne serais pas surpris de voir le marché aller s’orienter vers ce qu’on avait en mars 2009. Tout le marché y pense”.

L’attention s’est portée quasi exclusivement vers la zone euro, où l’Allemagne a provoqué une certaine confusion en annonçant mardi l’interdiction de certaines ventes à découvert, une technique de spéculation à la baisse.

Non seulement la mesure a été mal accueillie par le marché, toujours méfiant face aux restrictions imposées par les pouvoirs publics, mais elle a également été désapprouvée par certains partenaires européens de Berlin, comme la France, créant une impression de pagaille dans la région.

Dans la foulée, l’euro a plongé dans la nuit de mardi à mercredi à son plus bas niveau en quatre ans, sous 1,22 dollar.

“Ce sont des facteurs qui échappent à notre contrôle: les inquiétudes à propos de l’euro, la coordination dans la zone euro”, relève Art Hogan.

Et alors que la place new-yorkaise avait au début du mois regardé les difficultés de la zone euro d’assez loin, baissant moins que les Bourses européennes, c’est l’inverse qui s’est produit cette semaine.

“C’est une semaine de rattrapage, la contagion du risque européen sur les marchés américains s’est enfin manifestée”, observe M. Lefeuvre.

Autre source de difficulté, selon l’économiste de Natixis: “On entame cette période que les marchés n’aiment pas trop, on n’a pas encore d’indication sur le PIB du deuxième trimestre, on a trois mois à attendre avant les nouvelles publications de résultats d’entreprises…”

D’où un manque de carburant pour rebondir.

“Si on a une stabilisation de la monnaie, cela peut nous aider à nous intéresser de nouveaux aux questions intérieures, qu’on a ignorées ces dernières semaines”, avance de son côté Art Hogan.

De nombreux indicateurs sont attendus aux Etats-Unis la semaine prochaine: lundi, les ventes de logements anciens pour avril, mardi les indices des prix des logements et de confiance des consommateurs (du Conference Board), puis mercredi, les commandes de biens durables et les promesses de ventes de logements pour avril.

Jeudi, une nouvelle estimation de la croissance des Etats-Unis au premier trimestre sera publiéee, avant vendredi les dépenses des ménages ainsi que les indices d’activité de la région de Chicago et de confiance des consommateurs (de l’Université du Michigan).

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