Les marchés asiatiques et européens déprimés par la crise coréenne et l’euro

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électronique indiquant les indices boursiers à Tokyo le 21 mai 2010 (Photo : Toru Yamanaka)

[25/05/2010 07:57:07] TOKYO (AFP) Les inquiétudes dues à la crise entre les deux Corées ajoutées aux problèmes budgétaires de la zone euro ont encore accentué la nervosité des investisseurs asiatiques mardi, faisant chuter lourdement les places financières de la région et les Bourses européennes à l’ouverture.

La principale place financière de la région, Tokyo, a plongé de 3,06%, à son plus bas niveau depuis six mois.

Les autres Bourses de la région ont suivi le même mouvement baissier: Séoul a abandonné 2,75% et Sydney 2,96%. Vers 07H00 GMT, Shanghai reculait de 1,90% et Hong Kong de 2,79%.

Dans la foulée, les Bourses européennes ont ouvert en forte baisse: Paris perdait 3,04%, Francfort 2,52% en début de séance, Londres 2,70%, Madrid 3,19% et Milan plus de 3%.

“Le marché subit deux pressions en même temps: l’inquiétude vis-à-vis de la Corée du Nord et les problèmes budgétaires européens”, a expliqué Tsuyoshi Kawata, expert chez Nikko Cordial cité par Dow Jones Newswires.

Fébriles depuis plusieurs semaines à cause de la zone euro, les Bourses d’Asie et du Pacifique ont plongé après l’annonce de la mise en alerte de l’armée nord-coréenne, après que Séoul a menacé Pyongyang de lui “faire payer le prix” du naufrage d’un de ses navires de guerre.

Les marchés s’inquiètent des “risques géopolitiques” nés de la crise de la péninsule coréenne, a souligné Brayan Lai, analyste à la banque Crédit Agricole.

Il a noté que des discussions étaient en cours entre les Etats-Unis et la Chine pour tenter d’apaiser les tensions. Mais les grandes puissances doivent apporter “des garanties solides montrant que la situation peut rester sous contrôle”, a-t-il estimé.

A défaut, les investisseurs pourraient continuer de se retirer des titres jugés les plus risqués et faire trembler les places financières.

Victime collatérale, la monnaie sud-coréenne, le won, a chuté sur le marché des changes, tombant à son plus bas niveau depuis dix mois face au yen, valeur refuge en temps de crise.

La devise japonaise a en outre monté face à l’euro, monnaie jugée “à risque”.

Mardi à 07H00 GMT, l’euro baissait à 110,01 yens, contre 111,58 yens la veille à 21H00 GMT. Il reculait aussi face au dollar, à 1,2284 dollar vers 07H00 GMT contre 1,2361 dollar lundi à 21H00 GMT.

“Les marchés boursiers vont rester instables”, a prévu Osamu Takashima, responsable des changes à Citibank au Japon. “Dans de telles circonstances, le yen pourrait encore grimper”.

Les craintes des investisseurs à propos de la situation financière de plusieurs pays de la zone euro ont également été renouvelées par l’annonce du placement sous tutelle publique de la caisse d’épargne espagnole Cajasur, en difficulté.

“La situation européenne est de plus en plus incertaine, l’attention se déplace désormais de la Grèce vers l’Espagne”, a résumé Kenichi Hirano, du gestionnaire de titre Tachibana Securities.

D’autant que les dissensions persistent au sein de l’Union européenne sur la gestion de la crise.

Le président de la Commission européenne, José Manuel Barroso, a reproché aux principaux responsables politiques allemands de trop peu défendre l’euro, dans un entretien au grand quotidien des affaires Frankfurter Allgemeine Zeitung.

“Ces dernières années il ne s’est pas trouvé beaucoup de voix importantes dans la politique allemande pour expliquer à l’opinion publique à quel point il était important pour l’Allemagne d’avoir l’euro”, a déclaré M. Barroso.