Taxe bancaire proposée par Bruxelles : Paris réservé, les banques opposées

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à l’hôtel Matignon le 26 mai 2010. (Photo : Olivier Laban Mattei)

[27/05/2010 16:31:43] PARIS (AFP) Le gouvernement a exprimé jeudi des réserves, et les banques françaises leur opposition, aux propositions de la Commission européenne visant à créer une taxe bancaire pour financer des fonds nationaux.

Paris se dit certes “très satisfait” des propositions de Bruxelles, sur le principe du “pollueur-payeur”, mais souligne également son désaccord sur l’affectation des sommes, qui reste un “point de divergence”, a indiqué à l’AFP l’entourage de la ministre de l’Economie Christine Lagarde.

La France veut avoir la liberté d’affectation des sommes levées, et non pas se voir imposer par Bruxelles une affectation définie.

Mme Lagarde a depuis longtemps fait savoir qu’elle préférait que les recettes d’une telle taxe bancaire soient affectées directement au budget de l’Etat “pour renflouer les finances publiques” mises à mal par la crise financière.

La position française est ainsi proche de celle de la Grande-Bretagne.

Le nouveau ministre britannique des Finances George Osborne a en effet salué dès mercredi la proposition de la Commission, tout en émettant des réserves sur l’affectation de ces fonds. Selon lui, les sommes collectées doivent rester à la discrétion des pays membres, qui devraient être libres de les utiliser à leur guise, et non alimenter des fonds spécifiques, comme le voudrait la Commission européenne.

Aux termes de la proposition de M. Barnier, un réseau européen de “fonds de résolution des défaillances bancaires”, créés selon des règles communes, serait mis en place à titre préventif par les Etats. Les banques seraient tenues d’y cotiser.

Du côté des banques françaises, l’opposition à une taxe bancaire à l’échelle européenne reste inébranlable.

“La position de la Fédération bancaire française n’a pas évolué depuis avril dernier, la taxe n’est pas une priorité aujourd’hui”, a-t-on déclaré jeudi à la FBF, où l’on précise qu’il faudrait mettre plutôt l’accent sur la régulation.

Au Crédit Agricole, on indiquait jeudi redouter tout ce qui dans les circonstances actuelles affaiblirait le financement de l’économie.

Si les banques étaient taxées, elles répercuteraient le coût de cette taxe sur le coût du crédit, cela aurait un effet négatif sur la croissance, ce qui augmenterait le chômage, soulignait de son côté un membre de la Banque centrale européenne, sous couvert d’anonymat.