Chine : les vins étrangers confrontés à la concurrence locale

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écutif du groupe Dynasty, un des premiers producteurs chinois de vins, présente ses produits, au salon Vinexpo de Hong Kong le 25 mai 2010 (Photo : Mike Clarke)

[28/05/2010 07:49:51] HONG KONG (AFP) Sur les stands des producteurs au salon Vinexpo Asie à Hong Kong, une seule préoccupation: comment mieux pénétrer le marché chinois du vin, le plus prometteur au monde, où les vins étrangers ont parfois du mal à s’imposer face à une concurrence venue aussi de l’intérieur.

Si un adulte français boit en moyenne 50 litres de vin par an (25 litres pour un Britannique), un Chinois ne consomme qu’un demi-litre, “mais sa consommation devrait passer à 3 litres dans les 5 ans qui viennent, c’est dire l’immense potentiel du marché chinois”, souligne Robert Beynat, le directeur général de Vinexpo.

A mesure que sa classe moyenne et aisée s’élargit grâce à une croissance économique insolente, elle s’intéresse aussi au vin, représentant une clientèle potentielle de 100 à 150 millions de personnes.

Huitième consommateur mondial, la Chine devrait boire 1,26 milliard de bouteilles de vin en 2013, soit 31,5% de plus qu’en 2009, selon Vinexpo. Si la part des vins importés devrait atteindre 16% en 2013, près de 90% du vin consommé est produit localement.

“Cible de choix”, la Chine “représente aujourd’hui 10% de nos exportations, mais c’est le marché au plus fort potentiel de croissance”, assure Audrey Bourolleau, directrice des Côtes des Bordeaux, qui rassemble côtes de Castillon, Blaye, Cadillac et Francs.

Les 1.500 producteurs réunis sous cette nouvelle ombrelle générique exportent 14% de leur production.

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Une visiteuse du salon Vinexpo de Hong Kong, le 25 mai 2010 (Photo : Mike Clarke)

Et pour mieux se faire connaître, leurs vins vendus en Chine entre 10 et 20 euros accompagneront une délégation bordelaise en septembre à Shanghai, où Bordeaux sera à l’honneur du pavillon français de l’exposition internationale.

Les vins de Saint-Emilion, plus chers, n’ont eux rien à craindre de la concurrence locale : ils bénéficient d’une plus grande notoriété qui leur garantit de belles parts de marché.

Mais pour conserver celles-ci, “il ne faut pas s’endormir sur ses lauriers”, prévient Hubert Boüard de Laforest, propriétaire de château Angelus, grand cru classé de Saint-Emilion.

“Le commerce du vin, c’est comme l’amitié, il faut l’entretenir”, assure-t-il, “car les Chinois sont versatiles”. “Heureusement”, note-t-il, Angélus arbore sur son étiquette une cloche, “un repère qui nous distingue de la concurrence et est facile à mémoriser pour les Chinois”.

Encore peu connaisseurs et parfois désorientés par une offre souvent mal identifiée, “les Chinois sont comme les Français ou les Italiens, leur premier réflexe est de boire local”, assure de son côté Derek Fong, directeur de Five Star Wine, importateur en Chine, pour expliquer les fortes ventes de vin local.

Pour étancher cette soif, Dynasty, coentreprise créée en 1980 avec le groupe français Rémy Cointreau, produit 60 millions de bouteilles par an en Chine, vendues à 90% dans le pays, ce qui en fait l’un des premiers producteurs locaux.

“Notre production augmente de 10% par an en volume et répond en priorité à la croissance du marché intérieur”, explique Bai Zhisheng, président du groupe basé à Tianjin (nord), à 150 km de Pékin. Mais Dynasty vend aussi à l’export et “compte réaliser dans les 5 ans 10% de son chiffre d’affaires (contre 1% aujourd’hui) sur les marchés étrangers”, assure M. Bai.

Autre groupe français présent en Chine en partenariat avec le producteur Changyu, Castel y a vendu 13 millions de bouteilles en 2009, contre 5,4 millions en 2008, et table sur 17 millions en 2010.

Mais comme pour l’automobile ou les matières premières, les Chinois, aux énormes réserves de devises, pourraient aussi choisir de racheter leurs fournisseurs.

Dernier exemple en date, le Château de Viaud, propriété bordelaise de lalande de pomerol de 21 ha, récemment acquis par des capitaux chinois.