ébat télévisé, le 30 mai 2010 à Prague (Photo : Michal Cizek) |
[30/05/2010 15:11:49] PRAGUE (AFP) Les Tchèques ont dit un “non” énergique à un endettement supplémentaire de leur pays en se prononçant massivement, lors des législatives, en faveur de la responsabilité budgétaire dans le but d’éviter une répétition du scénario grec.
Le futur gouvernement sera vraisemblablement dirigé par Petr Necas du parti de droite ODS, partisan résolu de la discipline budgétaire. Il devrait s’appuyer sur une coalition de l’ODS avec le TOP 09 (droite) et le parti Affaires publiques (VV, centriste), bénéficiant d’une majorité très confortable de 118 des 200 sièges à la chambre basse.
“Nous sommes prêts à former une +coalition de responsabilité budgétaire+”, a déclaré M. Necas à l’AFP.
Bien qu’arrivé en tête du scrutin, le parti social-démocrate (CSSD) –dont la campagne était basée sur une kyrielle de promesses de garanties sociales– se voit dans l’incapacité de former une coalition.
Les électeurs tchèques ont fait preuve d’une attitude “responsable” envers leur pays, au moment où la crise budgétaire grecque est devenue la crise de l’euro, estime l’analyste David Marek, du groupe Patria Finance.
Ces problèmes ont “ouvert les yeux aux Tchèques sur la nécessité de tirer la sonnette d’alarme pour ne pas arriver là où se trouve aujourd’hui la Grèce et vers où s’acheminent aussi d’autres pays de la zone euro”, a-t-il dit à l’AFP.
En témoigne le fait que 54% des électeurs interrogés vendredi et samedi à la sortie des bureaux de vote par l’institut SC&C se sont prononcés pour une réduction de l’endettement de l’Etat.
ésultats des législatives, le 29 mai 2010 à Prague (Photo : Antonin Korinek) |
Relativement peu élevé, le ratio de la dette publique par rapport au PIB (35,4% en 2009) de la République tchèque doit passer à 39,6% cette année et à 43,4% en 2011, si aucune mesure budgétaire n’est prise, selon la banque centrale (CNB).
Confrontés à cette perspective, les Tchèques ont fait volte-face par rapport à 2008, où ils avaient majoritairement voté pour le parti social-démocrate aux élections régionales et sénatoriales.
Mais cette fois-ci, “l’évolution extérieure a fait bouger la scène politique tchèque”, estime Marketa Sichtarova, analyste de la société Next Finance.
“Les électeurs ont eu peur de ce qui se passait en Grèce. Ils ne veulent plus d’une vie à crédit”, a-t-elle ajouté.
Le chef du CSSD, Jiri Paroubek, a pris conscience trop tard de ce changement d’attitude de son électorat auquel il continuait à adresser des promesses de verser un treizième mois pour la pension de retraite ou de maintenir le niveau actuel de l’indemnisation du congé maternité.
“Les Grecs qui se sont arrogé dans le cadre de l’UE un buffet à volonté original, ont ainsi fait un croche-pied politique à Jiri Paroubek”, écrivait le journal dominical Nedelni Blesk.
“L’exemple de la Grèce a démontré que les promesses irréalistes de Paroubek (…) enverraient la République tchèque bientôt dans les bas-fonds”, estime le journal.
Les trois partis de droite et centriste, qui devraient former la future coalition, ont la ferme volonté d’arrêter l’endettement par une réduction radicale des dépenses de l’Etat, une réforme des régimes de retraite et la modification du système de santé avec la participation financière du patient.
Se qualifiant lui-même d'”euroréaliste”, M. Necas n’est pas partisan d’une adoption rapide de l’euro. Selon lui, l’adoption de la monnaie commune par la Grèce était une “décision politique et non économique”.
“Nous voulons avoir des finances publiques stables, remplir les critères de Maastricht, avoir des budgets équilibrés, mais avant tout dans notre propre intérêt. L’adoption de l’euro n’en serait qu’un effet secondaire”, a-t-il récemment déclaré à l’AFP.