Quand ils pensent à l’avenir du tourisme dans leur pays, les Tunisiens sont
tiraillés entre des sentiments et impressions contradictoires, comme l’a
illustré M. Sami Zaoui, président de l’ATUGE (Association des Tunisiens des
Grandes Ecoles), en ouverture du déjeuner-débat avec M. Slim Tlatli, ministre du
Tourisme, sur «le tourisme à l’heure du marketing», organisé mardi 25 mai 2010.
D’un côté, les Tunisiens ont encore envie de croire «qu’il suffit de peu pour
que la Tunisie revienne dans la course». De l’autre, ils ont des craintes «par
rapport à un secteur où la Tunisie, après avoir été très longtemps première,
montre depuis quelques années des signes d’essoufflement». Un constat que les
faits confirment. «Même si le
classement Davos 2009 sur le tourisme place la
Tunisie au 44ème rang mondial sur un total de 133 pays, ce secteur présente des
défaillances certaines : une offre trop classique axée sur le balnéaire qui a
perdu son attractivité, une qualité instable et très insuffisante par rapport
aux exigences de plus en plus fortes des clients, et une commercialisation
toujours basée sur les Tours Opérateurs et qui n’a pas suivi l’évolution des
comportements des consommateurs (séjours plus courts, last minute, meilleurs
prix, comparateurs internet)», souligne une note de l’ATUGE.
M.
Slim Tlatli
ne partage pas l’affirmation selon laquelle le tourisme balnéaire
appartient au passé. «L’essentiel de la demande porte toujours sur le tourisme
balnéaire et l’erreur à éviter serait de vouloir ne faire que du tourisme de
luxe», averti le ministre du Tourisme.
Certes, le
tourisme va devoir changer parce que tout –le touriste qui ne choisit
plus, ne réserve plus et ne consomme plus de la même manière ; la concurrence,
les circuits de distribution, etc.- a changé, concède le premier responsable du
tourisme tunisien. Ce secteur doit de ce fait adopter d’autres méthodes de
promotion et de commercialisation –M. Tlatli veut le rendre «web compatible»-,
et améliorer la qualité de ses prestations –notamment par l’adoption d’une
charte de la qualité. A cet effet, le ministre, conscient de l’importance de
plus en plus grande que prend le partage des expériences entre touristes sur
internet, a mis en place une équipe au sein de son département «pour suivre le
contenu de
Tripadvisor (le site de partage d’expériences, ndlr) et répercuter
les commentaires auprès des hôteliers».
Le développement de nouveaux produits –l’évènementiel, le tourisme culturel,
religieux, environnemental, le tourisme de luxe, etc.– est un autre axe
important. Toutefois, si la diversification est nécessaire et «les niches
importantes», leur importance, souligne le ministre du Tourisme, ne se situe pas
forcément au niveau des rentrées mais de l’image. Ce qui n’empêche pas M. Tlatli
de réfléchir sur les moyens de développer ces segments. Ainsi, pour le tourisme
culturel, le ministre du Tourisme envisage déjà de conclure des conventions avec
ses collègues de la Culture et de l’Environnement pour mener trois actions
pilotes pour lancer des produits originaux : circuit des îles, des eaux, etc.
Les opérationnels auront-ils la volonté et le courage de suivre le nouveau
ministre du Tourisme sur cette voie ?