Le patron de la Bundesbank toujours en croisade contre l’achat d’obligations lancé par la BCE

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ésident de la Bundesbank le 9 mars 2010 à Francfort (Photo : Torsten Silz)

[31/05/2010 15:34:24] FRANCFORT (AFP) L’Allemand Axel Weber, président de la Bundesbank, a continué lundi sa croisade contre l’achat d’obligations publiques lancé par la BCE pour venir en aide aux pays de la zone euro en difficulté budgétaire.

“La politique monétaire a pris de nouveaux chemins pour combattre la crise que je continue à considérer de façon critique étant donné les risques” qui y sont liés, a dit M. Weber, candidat officieux à la présidence de la BCE l’an prochain.

Il craint essentiellement pour l’indépendance de la BCE vis à vis des pouvoirs politiques.

Le chef de la “Buba” fait référence à la décision inédite prise début mai par le conseil des gouverneurs, dont il fait partie, d’acheter des obligations d’Etats en grande difficulté budgétaire, Grèce mais aussi Espagne ou Portugal, afin de lutter contre la spéculation sur les titres de dette de ces pays et leur permettre de se refinancer sur les marchés à des conditions supportables.

“Il convient à présent de réduire les risques (…) L’opération doit être mise en oeuvre de façon très ciblée et limitée (…)”, a indiqué M. Weber, qui avait voté contre cette mesure, selon le texte d’un discours prononcé à Mayence (ouest).

A cet égard, le magazine Der Spiegel affirme dans sa dernière édition que la BCE achète des obligations grecques alors qu’elle n’aurait plus besoin de le faire car le plan de soutien de l’Europe et du Fonds monétaire international est entré en vigueur.

Citant des sources au sein de la Bundesbank, l’hebdomadaire prétend que la BCE soutient artificiellement les cours et permet aux banques françaises, les plus exposées, de se défaire de leurs titres, évoquant même les craintes d’un “complot français”. Jean-Claude Trichet, le président français de la BCE aurait “cédé à la pression massive” exercée par le président Nicolas Sarkozy.

Les banques allemandes se sont de leur côté engagées auprès du gouvernement de conserver leurs obligations grecques jusqu’à 2013, poursuit l’hebdomadaire.

Le président de la BCE a de son côté redit lundi que la BCE restait fidèle à sa mission, à savoir garantir la stabilité des prix.

“Nous n’imprimons pas d’argent”, a-t-il dit. L’institution retire régulièrement un montant de liquidités équivalent au montant des obligations acquises. Elle neutralise ses effets inflationnistes et la politique monétaire reste inchangée.

“Cela confirme et souligne notre engagement à (garantir) la stabilité des prix”, a redit M. Trichet lors d’une conférence organisée par la Banque centrale autrichienne.

Interrogé dans un entretien au Monde de lundi sur les critiques d’Axel Weber, il a répliqué qu’il ne commentait jamais les commentaires de ses collègues. Il a rappelé que la décision avait été “prise par le conseil des gouverneurs à une majorité écrasante”.