La bataille autour des milliards de la PAC a commencé en Europe

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éen à l’Agriculture Dacian Ciolos (C) lors d’une réunion des ministres européens de l’Agriculture à Mérida (Espagne) le 1er juin 2010 (Photo : Cristina Quicler)

[01/06/2010 14:29:31] MERIDA (AFP) Français, Allemands et Britanniques ont commencé mardi à abattre leurs premières cartes dans la bataille autour de la redistribution, après 2013, des milliards de la Politique agricole commune (PAC), objet de toutes les convoitises.

Lors d’une réunion des ministres européens de l’Agriculture à Mérida, dans le sud-ouest de l’Espagne, la nouvelle ministre conservatrice britannique Caroline Spelman a d’emblée réclamé une réforme radicale de la PAC et une réduction de la part des subventions agricoles (40% des dépenses européennes aujourd’hui).

Mme Spelman voit dans les caisses vides en Europe une “occasion propice” pour convaincre ses partenaires. Selon un diplomate européen, elle a pu compter à Mérida sur le soutien de la Suède ou du Danemark.

Mais les Britanniques, qui avaient négocié en 1984 un rabais de leurs contributions au budget européen en arguant qu’ils ne profitaient pas assez de la PAC, se heurtent à ceux soucieux de défendre leur part du gâteau.

La France, premier bénéficiaire de la PAC (9,5 milliards d’euros en 2009), veut qu’elle reste la première politique communautaire.

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à Mérida (Espagne) (Photo : Cristina Quicler)

Pour le Français Bruno Le Maire, ce point n’est “pas négociable”. Et Paris travaille à une position commune avec l’Allemagne qui sera prête à l’automne, a-t-il précisé.

Sur la réforme de la PAC, l’Allemagne, deuxième bénéficiaire (6,3 milliards en 2009), veut “se battre côte-à-côte avec la France”, a confirmé son homologue allemande Ilse Aigner.

Mais les deux pays ne sont pas sur la même ligne concernant la régulation des marchés agricoles pour protéger les agriculteurs des fluctuations des cours, un autre point “non négociable” pour M. Le Maire.

“Sur la régulation, les Français vont plus loin que nous”, juge un membre de l’entourage de la ministre allemande.

Français et Allemands tentent aussi de monter une alliance avec la Pologne pour mieux peser face aux Britanniques.

Mais la Pologne (2,03 milliards de subventions en 2009) fait partie des nouveaux Etats membres de l’UE qui s’estiment lésés par des critères de répartition des aides fondés sur des niveaux de production historiques, et militent pour un rééquilibrage en leur faveur.

Le commissaire européen en charge de l’Agriculture, le Roumain Dacian Ciolos, a clairement rappelé à Mérida que ces références historiques étaient à son sens “injustifiées aujourd’hui”.

“Nous sommes prêts à revoir les références historiques, c’est déjà une vraie ouverture” face à Varsovie, juge Bruno Le Maire. Tout en reconnaissant que la question de savoir “jusqu’où il faut aller et à quel rythme” allait être l’un des points de négociation “les plus essentiels”.

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ès de Mérida (Espagne) le 1er juin 2010 à l’occasion d’une réunion des ministres de l’Agriculture (Photo : Cristina Quicler)

Ilse Aigner souhaite que le rééquilibrage en faveur des nouveaux Etats soit le plus “progressif” possible afin d’éviter des pertes “trop brusques” à ses agriculteurs.

A Mérida, plusieurs voix se sont élevées pour laisser de côté les questions d’argent et s’entendre d’abord sur les nouveaux objectifs de la PAC.

La bataille ne fait que commencer. La Commission européenne entend présenter courant novembre les grandes orientations de sa réforme, en vue d’une entrée en vigueur au premier janvier 2014.

L’enjeu est de rendre l’agriculture européenne plus verte, mais aussi plus compétitive sur le marché mondial, alors que l’Espagne qui occupe la présidence tournante de l’UE vient de célébrer la relance des négociations de libre-échange avec le principal concurrent mondial de l’agriculture européenne, le Mercosur.

Devant le lieu de la réunion ministérielle, près de 4.000 agriculteurs ont d’ailleurs manifesté pour défendre leurs revenus, accusant le gouvernement espagnol de vouloir les “ruiner” et de n’avoir pas tenu ses promesses de soutien au secteur.