UE : Barroso s’oppose à la France sur un “gouvernement” de la zone euro

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ésident de la Commission européenne José Manuel Barroso, au cours d’une conférence de presse à Bruxelles le 2 juin 2010 (Photo : John Thys)

[02/06/2010 19:33:39] BRUXELLES (AFP) Le président de la Commission européenne José Manuel Barroso a laissé entendre mercredi qu’il était opposé à un gouvernement économique institutionnalisé des dirigeants des pays de la zone euro, une idée à nouveau évoquée par la France mais qui marginaliserait Bruxelles.

“On ne renforcera pas le Pacte de stabilité et de croissance (l’instrument de discipline budgétaire de l’UE, ndlr) en diminuant la crédibilité des institutions communautaires et la méthode communautaire”, incarnée par l’exécutif européen, a-t-il déclaré lors d’une conférence de presse à Bruxelles.

De nouvelles institutions “ne feraient qu’instaurer une nouvelle confusion”.

M. Barroso n’a pas spécifié ce qu’il visait. Mais un membre de son entourage souligne que la Commission est opposée à une idée défendue de longue date par la France – et qui semble gagner à nouveau en vigueur – consistant à instaurer un gouvernement économique institutionnalisé de la zone euro au plus haut niveau, celui des chefs d’Etat et de gouvernement.

Les partisans les plus fervents d’une telle formule, censée faire converger les politiques économiques des différents pays, souhaitent aussi qu’il soit doté d’un secrétariat permanent et d’un président, dont le fauteuil devrait logiquement revenir à celui de l’UE, Herman Van Rompuy.

Pour la Commission, il s’agit d’un chiffon rouge. “Un gouvernement économique des dirigeants de la zone euro appuyé par un secrétariat qui lui fournirait une assistance poserait un problème à la Commission car il se ferait en dehors du cadre européen général”, souligne une source européenne.

“Il s’agit d’une initiative visant à marginaliser la Commission, qui est accusée par de nombreux gouvernements d’être trop passive face à la crise financière et économique”, souligne une autre source gouvernementale européenne.

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érence de presse sur les avancées de la réforme du système bancaire et financier, le 2 juin 2010 à Paris (Photo : Miguel Medina)

A l’occasion de la crise de la dette en zone euro, deux réunions des seuls chefs d’Etat et de gouvernement de la zone euro ont été organisées à Bruxelles, tendant ainsi à créer un précédent. En faire une sorte d’institution à part ferait toutefois franchir un nouveau cap.

Mercredi, à Paris, la ministre de l’Economie Christine Lagarde a alimenté le débat, estimant qu’il fallait mettre en place “un mécanisme de gouvernement économique qui nous permette d’être une véritable zone économique et monétaire”.

“Pour qu’une zone monétaire soit efficace il faut qu’elle soit dotée d’une politique économique coordonnée, il faut qu’elle soit dotée des instances qui permettent la mise en oeuvre et le respect de ces politiques et par conséquent il faut un niveau décisionnel approprié”, a-t-elle précisé.

Toutefois l’Allemagne reste depuis longtemps sceptique, même si elle a récemment assoupli sa position avec la crise.

“Ce qui pose problème côté allemand c’est le côté institutionnalisé et le côté club réservé à la zone euro car elle préfère rester dans le cadre plus large de l’Union européenne”, souligne une source diplomatique allemande.

Le président de l’UE est lui ouvert à l’idée mais s’efforce de ménager les différentes sensibilités.

“Il a toujours plaidé pour davantage de coordination économique de la zone euro, il a déjà convoqué deux sommets des dirigeants mais la pérennisation éventuelle d’une telle formule doit être discutée” par les pays concernés dans le cadre d’un groupe de travail qu’il a récemment mis sur pied, au niveau des ministres des Finances européens, indique son porte-parole Dirk de Backer.

Ce groupe de travail se réunit à nouveau en début de semaine prochaine à Luxembourg.

Dans un document de proposition qu’il leur a remis récemment, il évoque “un mécanisme, une structure de gouvernance” dans la zone euro, mais en soulignant qu’il faut “éviter de créer une scission entre les Etats de la zone euro et les autres”.