Fillon appelle à ne pas “ignorer les avertissements” des marchés

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çois Fillon, le 3 juin 2010 à Epinal (Photo : Jean-Christophe Verhaegen)

[03/06/2010 16:34:17] EPINAL (AFP) Dans une mise en garde aux accents alarmistes, François Fillon a jugé jeudi “dangereux d’ignorer les avertissements des marchés” face à la crise, répétant sur fond de disette budgétaire et de réforme des retraites que la France dépensait “trop et depuis trop longtemps”.

“Il n’est pas question de se soumettre à je ne sais quels diktats des spéculateurs et des marchés, mais il est dangereux d’ignorer leurs avertissements. Car la vérité c’est que nous dépensons trop depuis trop longtemps”, a-t-il lancé dans un discours en forme d’avertissement.

Le Premier ministre s’exprimait dans une école d’ingénieurs d’Epinal après avoir inauguré la première rue en France baptisée du nom de l’ex-président de la Cour des comptes Philippe Séguin, l’un de ses mentors en politique mort le 7 janvier dernier, qui fut maire de la ville pendant 14 ans et député des Vosges.

“La France est le seul des grands pays développés à n’être jamais totalement sorti des chocs pétroliers. La dernière année d’excédent budgétaire, c’est 1973. Et la dernière année de chômage inférieur à 5% c’est 1977”, a-t-il souligné devant un parterre d’élus et d’anciens collaborateurs de Philippe Séguin, dont le conseiller spécial de Nicolas Sarkozy, Henri Guaino.

“Le monde est sans indulgence pour les Etats dont la dépense publique est excessive. De jour en jour, de grands pays voient leur note souveraine dégradée”, a-t-il poursuivi, allusion à la baisse de la note de l’Espagne par l’agence de notation financière Fitch.

“On a vu dans l’Histoire des nations brillantes s’appauvrir, s’affaiblir, décliner, puis chuter”, a averti M. Fillon.

“La Grèce a inventé la démocratie, les navires du roi d’Espagne ont découvert l’Amérique, les Portugais se sont taillés des empires aux quatre coins du monde. Mais les salles de marché et les agences de notation n’ont que faire des gloires du passé, et ces nations sont brutalement sommées d’apurer leurs comptes”, a insisté le chef du gouvernement.

Ses propos alarmistes font écho à ceux du ministre du Budget François Baroin, qui avait déclaré dimanche que “l’objectif du maintien de la note AAA” était “tendu”. Il avait nuancé deux jours plus tard en assurant qu’il n’avait cependant “aucun doute” sur sa préservation.

La France attend cette année un déficit historique de 8% de son produit intérieur brut (PIB). Paris s’est engagé à le ramener à 6% en 2011, 4,6% en 2012 et 3% en 2013, comme promis à Bruxelles.

En pleines restrictions budgétaires, le gouvernement est également engagé dans une difficile réforme des retraites qui passera par un allongement de l’âge légal, un projet qui suscite l’inquiétude d’une majorité de Français.

Après avoir annoncé début mai le gel des dépenses de l’Etat pour les trois ans à venir, François Fillon a estimé que si la France voulait “limiter sa dépendance à l’égard des marchés” elle devait “emprunter moins”, jugeant qu'”un Etat fort, c’est un Etat désendetté”.

Rendant hommage à la défense par Philippe Séguin du principe de “souveraineté nationale”, il a jugé que celle-ci imposait de rester “maître de ses finances publiques”. Et “pour le rester, nous ne pouvons vivre éternellement à crédit et vivre au-dessus de nos moyens”.

En septembre 2007, François Fillon avait déjà tiré la sonnette d’alarme et s’était attiré les foudres du chef de l’Etat après avoir lancé qu’il se trouvait “à la tête d’un Etat en faillite”. Nombreux parmi ses alliés jugent que désormais les faits lui ont donné raison.