à Roissy-en-France (Photo : Jacques Demarthon) |
[03/06/2010 18:15:46] AIX-EN-PROVENCE (Bouches-du-Rhône) (AFP) Le géant suédois de l’ameublement Ikea a été condamné jeudi pour destruction d’espèces protégées à 30.000 euros d’amende, dont 10.000 avec sursis, par le tribunal correctionnel d’Aix-en-Provence (Bouches-du-Rhône).
Le parquet avait requis 30.000 euros d’amende. “C’est la première fois qu’Ikea est ainsi condamné”, a dit à l’AFP Pierre Deyries, directeur de la communication d’Ikea France, “nous sommes désolés de cette situation, nous travaillons en permanence à limiter notre impact d’une manière générale”.
Plusieurs associations de défense de l’environnement avaient porté plainte contre la filiale française d’Ikea, poursuivie pour avoir détruit, sans dérogation préfectorale, plusieurs espèces animales et végétales protégées lors de la construction d’une importante plateforme logistique sur un terrain du port de Marseille situé à Fos-sur-Mer (Bouches-du-Rhône).
Ikea avait obtenu pour le projet un avis favorable du Conseil national de la protection de la nature (CNPN). Mais il ne portait que sur des espèces d’orchidées, dont le groupe s’engageait à compenser la destruction par différentes mesures.
Mais en 2008, alors que débutaient les travaux de défrichement pour bâtir l’entrepôt, un agent de l’Office national de la chasse et de la faune sauvage constatait sur procès-verbal la destruction d’autres espèces de fleurs, d’oiseaux et de reptiles sur le site. Une procédure était alors engagée contre Ikea pour destruction de ces espèces.
L’avocat du groupe, Me Laurent Dolfi, avait plaidé à l’audience le 30 mai la nullité du procès-verbal, entaché d’irrégularités selon lui. Le patron d’Ikea Développement, Jean-Louis Baillot, avait reconnu à la barre avoir omis de solliciter une dérogation de la préfecture avant de commencer les travaux.
“C’était à Ikea de démontrer qu’il n’y avait pas d’espèces protégées sur le site”, avait rétorqué le procureur Ludovic Pilling, ajoutant que la protection de la nature, “ce n’est pas qu’un coup de tampon de la préfecture en plus ou en moins”.
Interrogé pour savoir si Ikea France comptait faire appel, M. Deyries a expliqué que le groupe devait d’abord étudier le jugement. Il a souligné que le travail sur les mesures compensatoires engagé par le groupe depuis deux ans sur le site était encadré par un comité de pilotage conduit par les services compétents de la préfecture et au sein duquel siégeaient les associations de protection de la nature et le port de Marseille.
L’entrepôt d’Ikea (35 mètres de haut pour 65.000 mètres carrés) accueille les conteneurs de marchandises que le groupe achemine depuis l’Asie du Sud-Est pour ses magasins européens et qui étaient auparavant débarqués à Barcelone en Espagne.