D’après le rapport de la Banque mondiale intitulé « les Perspectives pour l’économie mondiale 2010 » publié au mois de janvier dernier, le PIB en Tunisie devrait augmenter à 3,8% en 2010, contre 3,3% l’année précédente. Pour 2011, les prévisions sont à la hausse, le PIB du pays serait de plus 5,0%.
L’activité économique dans notre pays a été marquée cette année, d’après la BCT, par la poursuite de la reprise de la production industrielle, surtout dans les industries manufacturières orientées vers l’exportation. L’indice général de la production ayant enregistré aux deux premiers mois de 2010 une progression de 5%, en termes de glissement annuel, contre -10% au cours de la même période de l’année précédente. Ceci serait le résultat de l’accroissement progressif de la production dans les industries manufacturières dont les industries chimiques (39% contre -27,8% jusqu’à fin février 2009), suite à l’accroissement de la production des dérivés de phosphate, des industries mécaniques et électriques (19,1% contre -17,8%). L’évolution a touché, à un degré moindre, les industries des matériaux de construction, de la céramique et du verre (3,1%), les industries diverses (1,3%) et les industries agroalimentaires (0,6%). A l’inverse, la production a accusé une légère baisse dans les industries du textile, habillement et des cuirs et chaussures, en comparaison avec la même période de l’année précédente (-3,7% contre -20,3%).
Sur le plan des échanges commerciaux avec l’extérieur les exportations des industries manufacturières ont enregistré une reprise au cours du premier trimestre 2010, à l’exception des ventes des industries agroalimentaires qui ont accusé une régression d’environ 11%. Les industries mécaniques et électriques ont progressé de 33% au cours des premiers mois de 2010 contre -16,4% un an plus tôt, les industries diverses (21,1% contre -2,3%) et les cuirs et chaussures (12,7% contre -22,6%).
Bon signe pour les industries manufacturières, car dans une Tunisie relativement moins touchée par la crise financière que d’autres pays, ce secteur en a quand même souffert entre 2008 et 2009.
D’après Azzam Mahjoub, enseignant universitaire et économiste, la faiblesse financière et le peu de connexion avec le système financier mondial ont relativement épargné à la Tunisie un impact virulent de la crise. L’activité économique, en raison de la forte ouverture sur l’extérieur a évolué en 2008 sous l’effet de la hausse record des prix mondiaux des produits de base, surtout de l’énergie et des céréales (au cours du premier semestre 2008) et de la contraction dès le 4ème trimestre de 2008 de la demande extérieure destinée aux principaux secteurs exportateurs tunisiens.
Une tendance dépressive à la fin de 2008
La tendance dépressive a été cependant amorcée à la fin de 2008 et a été accentuée en 2009. Les deux principaux canaux de transmission de la crise ont été le commerce extérieur et les IDE. Mohamed Nouri Jouini, ministre du Développement et de la Coopération internationale, conscient du recul des IDE, avait, à l’occasion des débats budgétaires pour 2010, affirmé la volonté de son ministère de drainer les investissements extérieurs surtout ceux relatifs aux activités à forte valeur ajoutée, en particulier les industries électroniques, électriques, mécaniques, automobiles, aéronautiques et technologiques. «La Tunisie affiche une forte vulnérabilité aux chocs extérieurs car son taux d’ouverture commerciale est très élevé et de plus, son commerce extérieur est fortement concentré sur l’Union européenne (70% et plus). Enfin, les exportations sont largement dominées par le secteur manufacturier (80% en moyenne) ; ainsi, ce dernier est au cœur des fortes turbulences connues par la Tunisie en partie en 2008 mais surtout en 2009», précise Azzam Mahjoub.
Les indicateurs concernant la production, les exportations, les investissements et l’emploi affichent dès 2008 et en particulier en 2009 une évolution baissière dans les industries manufacturières.
En 2009, le PIB industriel s’élevait à 8,6 milliards de DT (à prix courant) (4,6 milliards d’euros environ). Evalué à prix constant (1990) à 4 milliards de DT, sa croissance a été quasi nulle 0,1% entre 2007 et 2009 avec une évolution contrastée : en 2008, la croissance a été de +4,2% et de -3,8% en 2009, indique Azzam Mahjoub. Le secteur le plus touché en 2009 a été le secteur manufacturier, son poids dans le PIB a baissé à 17,6% en 2009, contre 18% en 2007.
En fait en 2008, seules les industries chimiques ont accusé une évolution négative. Les industries mécaniques, électriques et électroniques, (IMEE), particulièrement les composants automobiles ont souffert de la conjoncture difficile de 2009, alors qu’ils étaient leaders et avaient même précédé l’industrie textile en volume d’exportations. Après une baisse de 15% en 2009, les exportations manufacturières retrouvent à peine leur niveau de 2007 (croissance de 0,5% entre 2007 et 2009).
Looking for growth ? Think Tunisia
En 2009, à dinars courants, les investissements dans le secteur manufacturier se sont élevés à 1,365 milliard de DT en 2009 soit 9,9% du total des investissements. Cette part a été de 10,8% en 2007 et 11,8% en 2008 alors qu’elle était de 13% en 2000. Ces investissements ont baissé en 2009 de 2,6% à prix courant et de 5,4% à prix constants. La baisse a été manifeste au niveau des matériaux de construction avec -16,1% et dans une moindre mesure dans les IMEE avec -2,5%, dans l’habillement, textile, cuir et chaussure avec -2,2% et 0% pour les industries chimiques. Les parts relatives des secteurs dans les investissements n’ont pas subi de changement significatif entre 2007 et 2009.
Evalués en dinars courants, les IDE se sont fortement accrus dans les industries manufacturières en 2008, passant de 485,6 MDT à 641,46 MDT (+32,1%) et ont atteint 657,6 MDT en 2009, soit un accroissement de 2,5%.
Cette contraction relative en 2009 est plus remarquable quand les IDE sont estimés en euros : -1,6% en 2009 (349,9 M d’euros en 2009 et 355,4 M d’euros en 2008). Toutefois, l’évolution sectorielle en 2009 a été très contrastée : Fortes hausses dans les IMEE (+104,7%), les IAA +73,5%, les IHTCC +59,2% et fortes baisses dans les IC -46,9%, les ID (industries diverses)-38,6% et dans une moindre mesure dans les IMCCV -3.3%.
Dans le secteur manufacturier, les IDE ont représenté respectivement 41,3%, 45,8% et 48,1% des investissements totaux dans ce secteur en 2007, 2008 et 2009.
Pour faire de la Tunisie une destination attractive, et relancer les flux des IDE, Azzam Mahjoub parle des nouveaux thèmes mobilisateurs de la politique industrielle nationale. Il s’agit de promouvoir la Tunisie en tant que destination industrielle et technologique à travers une campagne internationale engagée sous le slogan : Looking for growth ? Think Tunisia, The euromed valley for industry and technology.
Il s’agit également d’encourager le développement d’activités industrielles à forte valeur ajoutée et ce en «élevant de quelques points dans le PIB (17,8% seulement en 2009), la contribution de l’industrie, en améliorant significativement son taux de valeur ajoutée (25%) et en augmentant plus fortement la part des exportations à intensité technologique moyenne et/ou élevée (31,5% aujourd’hui) ».
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