Que les Bleus brillent ou non au Mondial 2010, les Français ont le blues

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Le “Jabulani”, ballon officiel de la Coupe du Monde 2010 (Photo : Sebastien Bozon)

[04/06/2010 07:39:58] PARIS (AFP) Contrairement au mythe de la victoire de 1998, un bon parcours de l’équipe de France de football au Mondial-2010 a très peu de chance de booster la consommation et de redonner le moral à des Français moroses depuis des mois, selon les analystes.

“Au vu du passé, il y a peu de chance qu’il y ait un impact sur le moral des Français”, explique Benoît Heitz, chef de la division synthèse conjoncturelle à l’Insee.

Certes en 1998, “on a eu une amélioration de la confiance des ménages en juillet, au moment de la victoire de la France, mais la tendance à l’amélioration existait déjà avant. Au mieux, ça aurait amplifié la tendance déjà existante”, continue-t-il, soulignant que ces bons résultats étaient de toute façon surtout liés au fait que la compétition avait lieu en France.

Mais cette année, la Coupe du monde se déroule en Afrique du Sud et le moral des Français est déjà en berne.

L’indicateur qui résume l’opinion des ménages sur la situation économique baisse ainsi constamment depuis le début de l’année et a chuté de 8 points depuis janvier.

Et les chances d’une inversion de tendance grâce au parcours de l’équipe de France sont minimes.

“Seule une victoire en finale pourrait éventuellement avoir un effet euphorisant, sinon ce sera marginal”, estime Alexander Law, chef économiste chez Xerfi Global. “Si on la gagne, ça a aura un impact positif sur le moral des ménages, mais c’est tout, seulement sur leur moral. Et seulement si on la gagne, pas si on perd au premier tour ou même en finale”, renchérit Nicolas Bouzou, analyste chez Asteres.

Quant à savoir si cette amélioration durerait, “ça dépendra beaucoup plus des comportements en matière de plan d’austérité que des résultats en Coupe du monde”, souligne-t-il, assurant dans tous les cas que le parcours des Bleus n’aurait aucune incidence sur la consommation. “Au niveau macro-économique, ça n’a pas d’impact”, insiste-t-il.

“Souvent on dit que les victoires de 1998 et 2000 ont généré la croissance mais ce n’est pas le cas, la croissance était déjà là”, note également Marc Touati, directeur général de Global Equities.

“La victoire, c’est la cerise sur le gâteau. Le parcours de l’équipe de France ne peut être que la cerise sur le gâteau, et si on n’a pas de gâteau…”, continue l’analyste.

Le Mondial devrait certes avoir un impact sur les ventes de téléviseurs, que la France gagne ou non. L’institut GfK compte ainsi sur une augmentation de 200.000 à 250.000 pièces grâce à cet événement qui va tonifier encore un peu plus un marché déjà très en forme (8,7 millions de ventes prévues en 2010).

Des bons résultats français pourraient aussi “relancer les ventes de textile”, avec les maillots des Bleus, note Alexander Law. “Mais sans effet extraordinairement élevé, d’autant que l’équipe de France ne jouit pas d’une bonne cote d’amour”, tempère-t-il.

Une élimination précoce ne devrait pas non plus avoir d’effet sur le moral des ménages.

“L’équipe s’est qualifiée dans la douleur, sa cote d’amour a rarement été aussi faible, donc les gens se diraient juste +on savait que c’était des incapables+. Malheureusement, l’économie française a des handicaps beaucoup plus lourds que les mauvaises performances de ses équipes sportives”, souligne Alexander Law.

Un échec “pourrait générer un mouvement de déprime, mais passager”, estime de son côté Marc Touati.