à l’Elysée le 2 juin 2010. (Photo : Eric Feferberg) |
[04/06/2010 16:27:38] PARIS (AFP) Le terme “parité” utilisé au cours d’une conférence de presse par François Fillon a précipité vendredi une chute de l’euro face au dollar, contraignant Matignon à rectifier le tir pour calmer les salles de marché.
Interrogé lors d’un point de presse avec son homologue canadien Stephen Harper sur le dérapage de la monnaie unique, le Premier ministre a lancé qu’il ne voyait “que des bonnes nouvelles dans la parité entre l’euro et le dollar”.
Les agences de presse économiques anglophones ont aussitôt entendu “parité” (“parity” en anglais) dans son sens étroit d’égalité parfaite. Elles en ont déduit que le chef de gouvernement appelait de ses voeux cette équivalence: 1 euro égale 1 dollar. Une avalanche “d’urgents” tombe alors chez leurs clients.
Du coup, les opérateurs des marchés de changes se sentent encouragés à vendre de l’euro. En quelques minutes, la monnaie unique atteint son plus bas niveau depuis 4 ans, sous le seuil de 1,20 dollar.
Sauf que la suite des propos de François Fillon indique qu’il entendait “parité” dans son autre acception, que le Larousse définit comme “taux de change d’une monnaie par rapport à une autre”.
“Depuis des années, avec le président de la République, nous nous plaignons du fait que cette parité entre l’euro et le dollar ne correspond pas à la réalité de nos économies et handicape nos exportations. Je n’ai pas d’inquiétude quant à l’actuelle parité entre l’euro et le dollar”, avait déclaré M. Fillon.
“Il n’y a aucun doute que ces propos ont fait baisser l’euro”, même s’ils sont survenus “après deux petits événements” sur les marchés, la hausse du franc suisse par rapport à l’euro et des rumeurs sur l’exposition d’une banque européenne à des produits dérivés, selon David Deddouche, stratégiste changes à la Société Générale.
Réalisant le quiproquo, Matignon réagit promptement : l’entourage du Premier ministre fait savoir aux journalistes que “par parité, il entendait +niveau+ de l’euro face au dollar”.
Mais le mal est fait. “Cette correction, personne ne l’a vue”, avance David Deddouche.