La Bourse de Paris continue de douter et donne de brusques coups de volants

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ège historique de la Bourse de Paris (Photo : Stéphane de Sakutin)

[05/06/2010 08:04:36] PARIS (France) (AFP) La Bourse de Paris est restée fébrile cette semaine, inquiète des perspectives de croissance en Europe et des risques de nouvelles dépréciations par les banques, malgré des signes d’amélioration de l’économie.

Le CAC 40 a terminé vendredi à 3.455,61 points, en baisse de 59,15 points par rapport à sept jours auparavant, soit un repli de 1,69%.

“Le marché reste tiraillé entre les indicateurs de macroéconomie et les craintes liées aux dettes des Etats”, explique Philippe Waechter, directeur de la recherche économique chez Natixis Asset Management.

Dans un marché en plein doute, chaque indicateur fait “l’effet d’un brusque coup de volant”, orientant les cours en forte hausse ou en forte baisse, selon qu’il est bon ou mauvais, ajoute-t-il.

Après un lundi atone en raison de la fermeture de Wall Street, l’indice vedette de la place parisienne a en effet connu de très fortes variations en cours de séance tout au long de la semaine.

Ainsi, il a passé une grande partie des séances de mardi et mercredi en nette baisse (supérieure à 2%), avant de se redresser en fin d’après-midi et de clôturer sur un repli de seulement 0,13% mardi et 0,05% mercredi, grâce à de bons chiffres américains. Après un rebond technique jeudi (+1,59%), il a lâché vendredi 2,86%, affaibli par des chiffres sur l’emploi américain moins bons que prévu.

Plusieurs facteurs d’inquiétudes pèsent sur la place parisienne.

Un rapport de la Banque centrale européenne (BCE) a évoqué de nouvelles dépréciations pour les banques de la zone euro. Deux indices des directeurs d’achat chinois, qui reflète l’activité manufacturière, ont reculé en mai. Les valeurs pétrolières –dont Total, première capitalisation du CAC 40– souffrent des déboires de BP dans le Golfe du Mexique.

Ces éléments interviennent sur fond d’anxiété persistante quant aux perspectives de croissance en Europe, en raison des plans d’austérité mis en place par les pays pour juguler leur déficit, et de forte baisse de l’euro.

La devise européenne est passée sous les 1,21 dollar vendredi, pour la première fois depuis mi-avril 2006.

“Les investisseurs semblent craindre que la crise des finances publiques européennes fasse dérailler la conjoncture et remette en cause la reprise”, mais “les indicateurs économiques et les résultats des enquêtes de conjoncture restent bien orientés”, notent les économistes de Aurel BGC.

“Le regain d’activité dans l’industrie se confirme et les autres secteurs en bénéficient. Parallèlement, le marché du travail semble se stabiliser”, ajoutent-ils.

Ainsi, le net recul du taux de chômage en Allemagne en mai (à 7,7% contre 8,1% en avril) pourrait préfigurer une stabilisation dans la zone euro, qui continue, elle, d’afficher un taux record (10,1% en avril).

Toujours en Europe, les ventes de détail ont rechuté en avril mais la croissance du secteur privé dans la zone euro a ralenti moins que prévu en mai.

Concernant les plans de rigueur prévus dans plusieurs pays de l’Union européenne, les économistes d’Aurel BGC rappellent que “l’essentiel des dépenses ou des relèvements d’impôts n’interviendra pas avant l’année prochaine”, sauf pour les cas les plus pressants (Grèce, Espagne, Portugal, Irlande).

“Reste à savoir si la reprise sera suffisamment consolidée d’ici là pour que le ralentissement inéluctable reste modéré”, selon les économistes d’Aurel.

“Tout le problème est de décider à quel horizon on veut équilibrer les comptes des Etats”, ajoute M. Waechter.

Euronext (CAC 40)