La Flandre s’appuie sur la crise économique pour réclamer plus d’autonomie

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Carte de la Belgique

[05/06/2010 09:41:21] BRUXELLES (AFP) Avant les élections législatives du 13 juin en Belgique, les principaux partis politiques de Flandre mettent en avant les difficultés économiques récentes de leur région pour réclamer une autonomie accrue, mais ces revendications comportent aussi une bonne dose d’idéologie.

Présentée il y a quelques années comme l’une des régions les plus prospères d’Europe, la Flandre, la région néerlandophone du nord de la Belgique et ses 6 millions d’habitants ont pris la crise économique mondiale de plein fouet.

La fermeture de l’usine Opel d’Anvers, sacrifiée sur l’autel du plan de restructuration de sa maison mère General Motors malgré sa productivité record, a ébranlé la confiance. En 2008, le nombre de chômeurs, même s’il reste bas, a crû de 27%. Et les investissements étrangers sont en recul, alors qu’ils augmentent en Wallonie (sud).

Aiguillonnés par les partis qui, comme la Nouvelle Alliance flamande (N-VA), dénoncent l'”incurie” des francophones et prônent l’indépendance de la Flandre, les grands partis flamands défendent pour les élections anticipées du 13 juin un programme “confédéraliste” prévoyant de confier aux régions les principales commandes de l’économie.

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és de l’usine Opel d’Anvers manifestent le 23 septembre 2009 devant leur usine. (Photo : Georges Gobet)

Les blocages entre Flamands et francophones durant les trois dernières années ont empêché le gouvernement fédéral de prendre les mesures nécessaires et il faut maintenant passer la main aux régions, expliquent-ils.

“Il faut transformer la vieille usine Belgique en trois PME dynamiques oeuvrant pour le même holding”, martèle le jeune président du parti libéral flamand Open VLD, Alexander De Croo.

“Il faut instaurer de la concurrence entre les régions afin de rendre ce pays plus efficace et plus orienté vers la croissance économique”, précise à l’AFP le ministre des Entreprises Vincent Van Quickenborne, lui aussi un libéral flamand.

Selon M. Van Quickenborne, l’impôt sur les sociétés devrait conserver un “socle fédéral”, mais les gouvernements régionaux pourraient décider de réductions ou de hausse des taxes dans une “fourchette” à déterminer, en fonction des moyens qu’ils dégageront grâce à une gestion plus efficace.

Dans le même esprit, “les régions qui mettront en place de bonnes politiques de remise au travail des chômeurs doivent pouvoir en conserver les fruits”, argumente le ministre.

“Notre pays a besoin d’un +New Deal+”, estime également le parti chrétien-démocrate flamand CD&V du Premier ministre sortant, Yves Leterme.

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ésident du parti libéral flamand, le 24 mai 2010 à Bruxelles (Photo : Nicolas Maeterlinck)

“En Wallonie et à Bruxelles, le chômage concerne surtout les jeunes, tandis qu’en Flandre, il touche les plus de 50 ans. Il faut des politiques différentes”, souligne Servais Verherstraeten, un député influent du CD&V.

Le patronat flamand est lui aussi favorable à une autonomie accrue des régions. “On ne peut que constater que l’immobilisme du gouvernement fédéral a été massif”, souligne le patron de la fédération des entreprises flamandes (Voka), Luc De Bruyckere.

Vincent Reuter, l’administrateur de l’Union wallonne des entreprises (UWE) tempère: “L’aspect idéologique est très présent en Flandre”. “Eux estiment que puisque l’Etat fédéral ne fonctionne pas, il faut confier tout aux régions. Nous pensons, côté wallon, que l’on pourrait d’abord faire mieux fonctionner l’Etat fédéral”, explique-t-il. Il reconnaît toutefois que peu de patrons wallons s’opposent à un système plus décentralisé, “du moment qu’il fonctionne”.

“Les partis flamands se font beaucoup d’illusions s’ils pensent que donner une très large autonomie aura des effets économiques fantastiques”, estime pour sa part Paul De Grauwe, professeur d’économie à l’université flamande de Louvain. “Le coût de la transition risque même d’être assez élevé”, souligne-t-il.