L’Espagne avance sur deux chantiers : droit du travail et réforme bancaire

photo_1275737166516-1-1.jpg
à Madrid le 20 mai 2010 (Photo : Dominique Faget)

[05/06/2010 11:31:40] MADRID (AFP) Des avancées significatives ont eu lieu cette semaine sur les deux grands chantiers encore en souffrance du redressement de l’économie espagnole: la réorganisation des caisses d’épargne exposées à la crise immobilière, et la réforme du marché du travail pour relancer l’emploi.

Le Fonds monétaire international (FMI) a relevé fin mai trois dossiers “urgents” sur lesquels devrait porter l’action politique du gouvernement socialiste de José Luis Rodriguez Zapatero, pour “rééquilibrer” une économie qui peine à sortir de la récession et qui reposait jusqu’ici sur l’immobilier.

“Rendre le marché du travail plus flexible” pour créer des emplois, alors que le taux de chômage caracole à plus de 20%, le double de la zone euro, “la consolidation fiscale” pour redresser les finances publiques dont les déficits ont explosé à 11,2% du PIB en 2009, et “la restructuration du secteur bancaire”.

L’opinion est désormais largement partagée par les analystes, les économistes et le gouvernement espagnol, qui s’est déjà attelé aux déficits publics en imposant une impopulaire cure d’austérité.

photo_1275737234908-1-1.jpg
é Luis Rodriguez Zapatero, le 12 mai 2010 au Parlement à Madrid

En une semaine, ce sont pas moins de douze caisses d’épargnes qui ont annoncé un total de trois opérations de rapprochements.

Le secteur bancaire espagnol est divisé en deux groupes qui représentent en gros chacun 50% de l’activité en volume: d’un côté les banques traditionnelles peu exposées aux “subprime”, de l’autre, les caisses d’épargnes régionales, partiellement dirigées par les pouvoirs publics locaux et parfois très exposées à l’éclatement de la bulle immobilière en 2008, qui a empoisonné leurs actifs.

En juin 2009, le gouvernement a annoncé la création d’un fonds ad hoc, le Frob, chargé de “gérer les processus de restructuration des entités de crédit”. Mais ces dernières ont tardé à se rapprocher les unes des autres.

Il a fallu que la Banque d’Espagne donne un coup de pied dans la fourmilière le 22 mai en prenant le contrôle de Cajasur, une caisse du sud contrôlée jusqu’ici par l’Eglise, et le 26 mai en disant qu’elle voulait durcir les règles de provisions pour les actifs immobiliers.

photo_1275737372052-1-1.jpg
ômage espagnol

“Les caisses d’épargne espagnoles bougent enfin”, relevait jeudi Marc Chandler, de la société américaine de gestion Brown Brothers Harriman.

Le nombre total de “Cajas” pourrait descendre de 45 avant la crise à une vingtaine au final.

La plupart optent pour des rapprochements partiels, baptisés Système institutionnel de protection (SIP), dans lequel les entités conservent leur identité, mais mutualisent les risques.

L’autre grand chantier est la réforme du droit du travail, dont la négociation entre syndicats et patronat est paralysée depuis un an et demi.

L’objectif du gouvernement est de réduire la dualité très importante entre travailleurs stables relativement bien protégés et ceux en contrat précaires, de plus en plus nombreux.

Mercredi, M. Zapatero a prévenu que que le gouvernement adopterait un projet de loi le 16 juin, qu’il soit le fruit d’un accord entre partenaires sociaux ou de la simple volonté du gouvernement.

Jeudi, la secrétaire générale à l’emploi Maravillas Rojo a déclaré qu’il y avait eu des avancées “techniques” mais “importantes” dans les négociations et que le gouvernement souhaitait toujours un accord.

Selon des informations de presse, l’idée générale du gouvernement est de faciliter le recours au licenciement, en réduisant notamment le nombre de jours d’indemnités par année travaillée, en échange de pénalités pour les contrats précaires.