érations de récupération du pétrole, le 28 mai 2010 dans le golfe du Mexique (Photo : Sean Gardner) |
[05/06/2010 12:03:20] NEW YORK (AFP) Le britannique BP pourrait récupérer quelques revenus de la marée noire dans le golfe du Mexique grâce à la commercialisation du pétrole issu de la fuite, bien peu toutefois par rapport aux coups portés par la catastrophe à son portefeuille – et à son image.
Après le succès de la pose d’un entonnoir sur le conduit à l’origine de la fuite, l’attente était de rigueur: le directeur général du groupe pétrolier BP Tony Hayward a indiqué vendredi qu’il faudrait environ “48 heures pour évaluer la quantité de gaz et de pétrole capturée”.
Mais qu’adviendra-t-il du pétrole récupéré au cours de l’opération?
“Notre priorité est de capturer le pétrole afin de l’empêcher de se répandre dans le golfe”, a assuré à l’AFP Sheila Williams, porte-parole du groupe.
La compagnie a fait savoir que du gaz et du pétrole étaient bel et bien arrivés à bord du navire Discoverer Enterprise après la pose de cet entonnoir, montrant que le principe fonctionne.
Selon les explications données par Sheila Williams, le pétrole “sera transporté du bateau à un terminal, puis vers une raffinerie où il sera traité”, sans donner de précisions supplémentaires.
D’après BP, le système va permettre de récupérer la “grande majorité” du pétrole échappé, estimé entre 2 à 3 millions de litres par jour par un panel d’experts mandaté par l’administration américaine.
Cela représente un revenu compris entre 840.000 dollars et 1,33 million de dollars par jour si ce pétrole était récupéré et vendu au prix de 70 dollars le baril. Le pétrole texan échangé à New York, le light sweet crude, étalon du marché de l’or noir, s’échange actuellement un peu au-dessus de ce niveau.
Une misère toutefois, si l’on considère les coûts gigantesques que la catastrophe écologique a déjà engendrés pour le groupe britannique.
BP a dépensé jusqu’à présent un milliard de dollars en nettoyage et puits de secours, et a promis jeudi de payer 360 millions de dollars pour des barrages artificiels en Louisiane.
“Ce rythme de dépenses devrait continuer quelque temps après la réussite du travail destiné à stopper le flux de pétrole s’échappant du puits endommagé. Toute amende ou pénalité représenterait des coûts additionnels”, a indiqué le britannique dans un communiqué vendredi.
Tony Hayward a lui estimé dans une conférence avec des investisseurs qu’il était “impossible de prédire le coût (de la marée noire) mais qu’il sera assez important”, précisant peu après que les coûts financiers seraient “sévères”.
L’Etat américain a présenté jeudi une première facture de 69 millions de dollars dépensés par l’administration américaine pour lutter contre la marée noire, demandant à BP de “rembourser les contribuables”, conformément à la loi pollueur-payeur.
Les agences de notation financière, qui ont révisé en baisse leur opinion sur la compagnie cette semaine, annoncent déjà des coûts se montant à plusieurs milliards de dollars, pour les seuls colmatage et nettoyage.
Cela dépend “en partie du temps nécessaire à BP pour contrôler le flot de pétrole. Le coût total final de la catastrophe pourrait être bien plus élevé, même s’il pourrait toutefois s’étaler sur un certain nombre d’années”, indiqué Standard and Poor’s.
BP fait également face à de potentiels frais de litige, attaqué de toute part aux Etats-Unis. Des milliers de victimes de la marée noire ont déjà porté plainte. Les compensations se comptent en dizaines de milliards de dollars.
Sans compter la valeur évaporée en Bourse: le titre BP a chuté de 40% depuis l’explosion, soit 75 milliards de dollars.