Japon : le nouveau Premier ministre Naoto Kan devra assainir les finances

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érence de presse, le 4 juin 2010 à Tokyo (Photo : Toru Yamanaka)

[07/06/2010 09:16:52] TOKYO (AFP) Le nouveau Premier ministre japonais, Naoto Kan, va devoir vite s’attaquer à la remise en ordre des finances de son pays lourdement endetté: il pourrait envisager une hausse de la taxe sur la consommation et abandonner quelques promesses électorales de son parti.

L’ancien éphémère ministre des Finances prend les commandes d’une deuxième économie mondiale en phase de reprise depuis le printemps 2009, après avoir traversé sa plus profonde récession en un demi-siècle.

En pleine tourmente financière autour de la dette des pays européens, le Japon se doit d’agir face à sa dette colossale, équivalente à quelque 200% du produit intérieur brut (PIB) du pays, la proportion la plus importante parmi les pays développés.

Plus de 90% des créances de l’archipel sont détenues par des investisseurs japonais, ce qui réduit les risques, mais la situation reste néanmoins préoccupante: pour boucler son budget 2009-2010, Tokyo a dû émettre des obligations pour un montant supérieur à celui de ses recettes fiscales.

“Des réformes fiscales, comprenant une hausse de la taxe sur la consommation, sont nécessaires immédiatement”, a martelé le puissant quotidien économique Nikkei.

Les milieux d’affaires ont accueilli avec une certaine bienveillance la nomination de M. Kan, qui avait évoqué une possible hausse de la taxe sur la consommation, un plafonnement du déficit public et sa préférence pour un yen faible lorsqu’il était ministre des Finances.

Le probable nouveau gardien des deniers publics, Yoshihiko Noda, est en outre considéré comme un “faucon” en matière de rigueur budgétaire.

“La forte reprise économique du Japon fournit au gouvernement l’occasion idéale de lancer une réforme budgétaire destinée à mettre la dette sous contrôle, c’est une grande différence avec la Grèce” dont la croissance est atone, souligne Julian Jessop, économiste à l’institut de recherche Capital Economics.

M. Kan devrait poursuivre la politique de chasse aux gaspillages lancée par M. Hatoyama, l’un des principaux axes de la campagne victorieuse de leur Parti démocrate du Japon (PDJ, centre-gauche) aux législatives d’août 2009.

En vertu du slogan “investir dans les gens plus que dans le béton”, le pouvoir a diminué les financements pour travaux publics, généreusement distribués sous les conservateurs pendant plus de 50 ans, et réduit quelques dépenses administratives.

Mais, comme le souligne le Nikkei, ces coupes “ne suffiront pas à financer l’allocation pour les enfants, les autoroutes gratuites et autres cadeaux” promis par le PDJ.

Le patronat et la droite suggèrent d’augmenter la taxe sur la consommation, aujourd’hui fixée à 5%, un niveau minimal parmi les pays développés.

Mais les dirigeants du PDJ s’étaient engagés avant leur victoire l’an passé à ne pas y toucher avant 2013, et la levée éventuelle de ce tabou risque de faire des vagues en son sein.

Qu’il se lance ou non dans cette entreprise risquée, M. Kan pourrait être tenté de faire des économies en revenant sur certains engagements du PDJ, comme le montant de l’allocation versée aux parents pour tout enfant jusqu’à sa sortie du collège.

Créée sous M. Hatoyama, cette prime devait passer de 13.000 à 26.000 yens par mois (120 à 240 euros) l’année prochaine. Mais le coût de cette mesure, plus de 5.000 milliards de yens par an au total (plus de 45 milliards d’euros), fait hésiter certains responsables du parti au pouvoir.

“Nous prévoyons de possibles révisions du programme du PDJ et un renforcement de la discipline budgétaire”, anticipe malgré tout Chiwoong Lee, économiste à la banque Goldman Sachs.