Les Européens sereins face à la chute de l’euro

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Logo de l’euro (Photo : Boris Roessler)

[07/06/2010 15:37:27] LUXEMBOURG (AFP) Les ministres des Finances de la zone euro se sont voulus rassurants lundi sur la chute brutale de la monnaie unique et sur la situation budgétaire de la Hongrie, qui préoccupe les marchés, en marge d’une réunion consacrée en grande partie à la crise de la dette en Europe.

“Je ne suis pas préoccupé par l’euro”, qui est tombé dans la journée sous 1,19 dollar pour la première fois en plus de quatre ans, a déclaré le président de l’Eurogroupe, Jean-Claude Juncker.

“En réalité, c’est plus la rapidité de l’évolution (de l’euro) que le niveau qui est préoccupante”, a renchéri le commissaire européen aux Affaires économiques et monétaires, Olli Rehn, en arrivant à la réunion des grands argentiers des seize pays partageant l’euro à Luxembourg.

La situation budgétaire de la Hongrie, qui n’appartient pourtant pas à la zone euro, préoccupe les marchés et contribue à la baisse de la monnaie unique.

Ce mouvement de panique a été déclenché par des déclarations alarmistes la semaine dernière de hauts responsables du parti au pouvoir en Hongrie, l’un d’eux allant jusqu’à juger que la Hongrie est “dans une situation comparable à celle de la Grèce”.

M. Juncker, le directeur général du FMI, Dominique Strauss-Kahn, et M. Rehn sont montés au créneau pour dire leur confiance dans la Hongrie et rejeter tout parallélisme avec Athènes.

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érence de presse à Busan en Corée du Sud le 5 juin 2010 (Photo : Yonhap)

Pour stopper la crise confiance qui ébranle la zone euro, les ministres des Finances tablent notamment sur la mise en place du mécanisme de soutien pour les pays qui connaîtraient comme la Grèce des difficultés. Il a été négocié dans son principe il y a un mois.

Les ministres doivent finaliser lundi la création de ce fonds d’urgence, qui prévoit 440 milliards d’euros de garanties de prêts des pays de la zone euro pour ceux d’entre eux qui seraient dans l’incapacité de trouver de l’argent frais sur les marchés financiers.

La chute de l’euro “montre que nous devons travailler à faire entrer en vigueur ce que nous avons commencé à mettre en place”, car “les marchés veulent voir non seulement des explications, mais également des actions”, a souligné le ministre allemand des Finances Wolfgang Schäuble.

Les grands argentiers de l’ensemble de l’UE doivent se retrouver ensuite à partir de 19H30 (17H30 GMT) sous l’autorité du président de l’UE Herman Van Rompuy, pour discuter des moyens de renforcer leur discipline budgétaire et la gouvernance économique en Europe.

Ils se sont déjà mis d’accord le 21 mai sur les grandes lignes: renforcer la discipline en appliquant le cas échéant des sanctions aux pays mauvais élèves qui ne respecteraient pas les règles budgétaires européennes. Il s’agit maintenant de rentrer dans le détail avant un sommet des dirigeants européens les 17 et 18 juin.

Les discussions entre grands argentiers européens devraient aussi porter sur l’idée d’instaurer un gouvernement économique institutionnalisé des dirigeants de la seule zone euro. Elle regagne du terrain, sous l’impulsion de la France, tandis que le président de l’UE, Herman Van Rompuy, la voit d’un bon oeil.

Le projet divise les Européens cependant. Le président de la Commission européenne, José Manuel Barroso, a laissé entendre la semaine dernière qu’il y était opposé.

L’Allemagne s’est montrée depuis longtemps sceptique, même si elle a récemment assoupli sa position.

Ce sujet devait être abordé lundi soir lors d’une rencontre à Berlin entre la chancelière allemande Angela Merkel et le président français Nicolas Sarkozy. Mais cet entretien a été annulé en dernière minute et reporté au 14 juin.