Espagne : grève des fonctionnaires, avant une probable grève générale

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à Madrid (Photo : Dominique Faget)

[08/06/2010 11:33:00] MADRID (AFP) Les fonctionnaires espagnols ont fait grève mardi et manifesté contre la baisse de leurs salaires, premier test social pour le gouvernement socialiste de José Luis Rodriguez Zapatero qui risque d’être bientôt confronté à une grève générale en pleine cure d’austérité.

Cette grève des fonctionnaires, la première depuis 1996, était suivie en moyenne à 75%, ont assuré à la mi-journée les deux grands syndicats espagnols, UGT et CCOO, tandis que le gouvernement a avancé un taux de 15,9% en début de matinée, insistant sur la “normalité” dans le service public.

Le gouvernement “aurait tort d’entrer dans une guerre de chiffres car le malaise de milliers de travailleurs ne peut se mesurer au suivi d’une grève, il est beaucoup plus profond”, a averti un responsable d’UGT, Julio Lacuerda.

A Madrid, où un grande manifestation était prévue en fin d’après-midi, des milliers de fonctionnaires protestaient devant certains ministères aux cris de “Zapatero démission!”, dans un concert de sifflets, a constaté l’AFP.

“J’ai voté pour Zapatero lors des deux dernières élections, à présent je vais y réfléchir, même si je pense que la droite est pire”, grognait José, jardinier municipal de 54 ans, qui va perdre chaque mois 60 euros, lors d’un rassemblement devant le ministère de l’Economie.

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érité, le 8 juin 2010 à Madrid (Photo : Dominique Faget)

Une soixantaine de manifestations était prévues dans tout le pays. Au total, 2,6 millions de fonctionnaires travaillant pour l’Etat central, les régions, les collectivités locales ou les universités étaient appelés à cesser le travail.

Ils protestent contre les mesures d’austérité décidées par le gouvernement pour tenter d’enrayer la dégradation des déficits publics qui se sont envolés à 11,2% du PIB en 2009 et fragilisent l’Espagne sur les marchés.

Le gouvernement leur impose une baisse de salaires moyenne de 5% dès le mois de juin et leur gel pour 2011.

M. Zapatero, qui a toujours entretenu de bons rapports avec les syndicats depuis son accession au pouvoir en 2004, s’est résolu à ces mesures sous la pression des marchés et des grands pays de la zone euro.

Le patron des patrons espagnols, Gerardo Diaz Ferran, a jugé mardi la grève des fonctionnaires “inopportune”, estimant que ces derniers avaient bénéficié de hausses de salaires excessives en 2009.

Cette journée de mobilisation pourrait n’être qu’une répétition avant une probable grève générale, que CCOO a estimé la semaine dernière “inévitable”.

Les syndicats menacent de faire descendre tout le monde dans la rue si le gouvernement adopte une réforme du marché du travail trop dure pour les travailleurs.

L’exécutif a prévenu que faute d’accord entre les partenaires sociaux, il présentera son projet de réforme le 16 juin.

Son objectif est notamment de réduire la forte dualité entre travailleurs stables et précaires, alors que le taux de chômage dépasse 20%, le double de la moyenne de la zone euro. Le gouvernement envisagerait de faciliter le recours au licenciement économique pour les entreprises et de réduire son coût.

La réforme du marché du travail est jugée indispensable par le gouvernement, le FMI et les analystes, alors que l’Espagne peine à sortir de la récession provoquée par l’éclatement de la bulle immobilière en 2008 et la crise financière internationale.

Le chef de file des ministres des Finances de la zone euro, Jean-Claude Juncker, a salué lundi les “mesures courageuses” de l’Espagne, tout en avertissant que “davantage de consolidation budgétaire sera nécessaire après 2011, ainsi que davantage de progrès en matière de réformes structurelles”.