Hongrie : Viktor Orban veut taxer les banques et réduire l’impôt sur les PME

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Le Premier ministre Viktor Orban au Parlement hongrois le 8 juin 2010 (Photo : Attila Kisbenedek)

[08/06/2010 14:52:16] BUDAPEST (AFP) Le Premier ministre hongrois Viktor Orban compte réduire le déficit public avec des baisses d’impôts pour les entreprises, une taxe sur les banques et une série de mesures d’austérité annoncées mardi au parlement permettant au forint de s’aprécier.

Mis à mal ces derniers jours par des déclarations alarmistes de proches du Premier ministre comparant la Hongrie à la Grèce croulant sous les dettes, le forint s’est clairement renforcé durant le discours du Premier ministre en passant de 284 forints pour un euro lundi à 281,51 forints pour un euro. A 14H00 GMT, il s’échangeait à 283,06 pour un euro.

“Il y a 18 mois, l’Etat est venu en aide aux banques, qui ont présenté des bénéfices importants dès 2009. Il est temps que les banques prennent désormais leur juste part dans la résolution des problèmes”, a déclaré M. Orban devant le parlement où son parti conservateur le Fidesz détient la majorité des 2/3 des sièges.

Largement applaudi, il a annoncé une taxation des banques, sociétés d’assurance et autres institutions financières, pour une période de trois ans qui pourrait rapporter quelque 200 milliards de forints (709 millions d’euros) afin de contribuer à l’effort de renflouement des caisses de l’Etat.

Cependant cette mesure n’est pas dirigée, selon M. Orban, contre les banques mais veut introduire un “principe de prise de responsabilité mutuelle”.

Déjà entamées sous le précédent gouvernement socialiste minoritaire, les coupes dans les dépenses des appareils de l’Etat vont être encore plus profondes afin d’atteindre les 120 milliards de forints (425 millions d’euros) d’économie. Cela passera par le strict respect des budgets accordés, le plafonnement des revenus des dirigeants du public ainsi qu’un strict examen des dépenses jusqu’aux achats de voitures ou téléphone de service.

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à un distributeur dans une rue de Budapest le 7 juin 2010 (Photo : Attila Kisbenedek)

En contrepartie, M. Orban a annoncé l’introduction sur deux ans d’une “flat tax rate” de 16%, sorte d’impôt sur le revenu à taux unique, comme c’est le cas déjà en Slovaquie, ainsi qu’un nouveau système d’imposition par foyer fiscal et non plus seulement par individu. Loin de ses promesses électorales de réduction des impôts, il a annoncé l’imposition des salaires minimums.

Les emplois de proximité ne seront, eux en revanche, plus imposables “puisque ces sommes sont payées à partir de salaires déjà imposés”, a-t-il souligné en promettant également la suppression des droits de succession dans le cas de parents proches.

Pour relancer la croissance économique, les sociétés pourront bénéficier d’une baisse de l’impôt sur les bénéfices passant de 19% à 10% et ce jusqu’à la hauteur d’un bénéfice de 500 millions de forints à la place des 50 millions de forints actuel.

Pour inciter à nouveau à donner aux ordres religieux et oeuvres caritatives, Viktor Orban a annoncé la suppression de la TVA sur les dons.

A aucun moment il n’a toutefois repris l’objectif de déficit fixé à 3,8% du PIB la veille par le ministre de l’Economie György Matolcsy.

Cet objectif avait été négocié par son prédécesseur Gordon Bajnaï, à la tête d’un gouvernement minoritaire socialiste avec le Fonds monétaire international et l’UE lors de l’octroi d’une bouée de sauvetage en 2008 de 20 milliards d’euros.

Le chef du groupe socialiste, Attila Mesterhazy a remercié M. Orban de “poursuivre le chemin de la raison.” Le gouvernement Bajnaï avait en effet réussi à ramener le déficit à 4% en 2009 contre plus de 9% en 2006.

Les analystes hongrois se montraient satisfaits mardi, comme György Barcza de la banque K and H qui estime que les mesures nécessaires suffiront à “colmater la brèche” de 230 milliards de forints dans le budget.