La Sécu, toujours sous le choc de la crise, va connaître un nouveau déficit record

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écurité sociale à la Caisse Primaire d’Assurance Maladie (CPAM) de Lyon (Photo : Fred Dufour)

[08/06/2010 18:36:25] PARIS (AFP) La Sécurité sociale, toujours ébranlée par la crise, va voir le déficit de son régime général (salariés du privé) atteindre un nouveau niveau record en 2010, autour de 27 milliards d’euros, sous le poids principalement de ses branches maladie et retraite.

En septembre dernier, la prévision officielle pour 2010 dépassait 30 mds mais la Commission des comptes de la Sécurité sociale (CCSS) devrait revoir ces chiffres à la baisse, dans son rapport attendu mercredi, selon des experts.

Ce nouveau “trou” prévu constituera néanmoins un nouveau record. Il va s’ajouter à celui de 20,3 mds constaté en 2009 et sera probablement creusé en 2011.

Au-delà du montant du déficit, dont l’ordre de grandeur est connu depuis plusieurs mois, la publication des prévisions de la CCSS reposera la question toujours sans réponse du financement de la dette sociale, formée par les déficits successifs.

La branche retraites, dont le déficit est attendu autour de 10 milliards d’euros en 2010, est au coeur de toutes les attentions actuellement, dans le cadre de la réforme en préparation des retraites.

Le gouvernement dévoilera son projet entre le 15 et le 20 juin, même s’il a déjà abattu ses principales cartes, comme le recul de l’âge légal de départ.

Moins sous les projecteurs actuellement, l’assurance maladie devrait concentrer à elle seule plus de la moitié du déficit du régime général.

Soucieux d’afficher son volontarisme, le gouvernement a réagi au quart de tour fin mai, quand un risque de dépassement de l’objectif annuel des dépenses d’assurance maladie pour 2010 lui a été signalé.

Il a annoncé 600 millions d’euros d’économies supplémentaires à réaliser en cours d’année, après les plus de 2 milliards votés dans le budget 2010 de la Sécu, alors qu’il n’y était pas contraint par les procédures en vigueur.

Les mesures annoncées portent notamment sur des baisses de prix de médicaments, un mode de calcul moins favorable pour les assurés des indemnités journalières des arrêts de travail ou encore sur les tarifs de la chirurgie de la cataracte.

Nicolas Sarkozy a déjà fixé le cap, focalisé sur la maîtrise des dépenses: après 3% cette année, il a décidé de ramener la progression annuelle des dépenses d’assurance maladie (Ondam) à 2,9% en 2011 et 2,8% en 2012, des objectifs jugés irréalistes par plusieurs acteurs du monde de la santé.

“Nous allons prendre des mesures qui ne touchent à aucun moment au pouvoir d’achat des assurés”, a indiqué dimanche la ministre de la Santé Roselyne Bachelot.

Outre les branches maladie et retraites, la CCSS publiera également mercredi les comptes de la branche AT-MP (accidents du travail, maladies professionnelles) et famille, ainsi que ceux du Fonds de solidarité vieillesse (FSV), qui finance notamment le minimum vieillesse.

La dégringolade sans précédent des comptes de la Sécurité sociale est liée en majeure partie à la crise. La Sécu tire la plus grande part de ses recettes des cotisations des salariés et des employeurs, et donc de la masse salariale, en chute libre avec la progression du chômage.

En 2009, la masse salariale a connu un recul inédit depuis la création de la Sécurité sociale après la Seconde Guerre mondiale.

L’accumulation des déficits, financés l’emprunt, repose la question de la dette sociale. Sa reprise par l’Etat semblant exclue, le recours à l’actuelle Caisse d’amortissement de la dette sociale (Cades) est l’une des pistes possibles, mais elle induirait une hausse des prélèvements sociaux.