Bahri Rezig est le directeur général de l’ANPRI, (Agence nationale de promotion de la recherche et de l’innovation). Chargé à la création de l’Agence de diffuser la culture de l’innovation technologique auprès des professionnels et d’assurer la coordination entre l’Université et le secteur privé pour le développement de la recherche développement, il est intervenu à la 12ème édition du Forum de Carthage dans le cadre du thème consacré aux atouts de la Tunisie pour attirer la technologie.
Dans l’entretien ci-après, il nous parle de la tournure prise en Tunisie dans l’appréciation de l’importance de la recherche et développement surtout au niveau des partenariats public/privé et des relations du pays à l’international.
Sommes-nous arrivés au stade d’un partenariat fructueux entre les départements ministériels concernés et le secteur privé dans la recherche développement et l’innovation ?
Bahri Rezig : L’intérêt manifesté par le ministère de l’Industrie et des Technologies au développement des relations de partenariat avec le secteur privé ainsi que la concentration des efforts, au ministère de l’Enseignement supérieur et de la recherche scientifique, sur la valorisation des résultats de la recherche va clarifier les champs d’intersection entre les acteurs et par conséquent, facilitera la collaboration. Concrètement nous allons travailler sur deux axes: faire en sorte que la recherche ait un niveau de classe internationale, qu’elle soit compétitive, connectée avec les réseaux internationaux, qu’elle se rapproche de l’espace européen, pour nous une locomotive qui tire vers l’avant, introduire le système qualité et dynamiser la collaboration entre les partenaires eux-mêmes. Ceci au niveau de la recherche « in house » car nous voulons la développer au sein de l’Université. De l’autre côté et pour ce qui est du développement et de la valorisation de l’innovation, nous avons besoin de partenariats qui les car sinon, nous ne pourrons pas y réussir. Par conséquent, le ministère de l’Industrie et de la Technologie prendra en charge l’évaluation de l’innovation dans l’entreprise à l’instar de ce que nous sommes en train de faire, nous-mêmes, pour juger de la qualité de la recherche à l’Université. Nous nous rejoindrons sur des projets de valorisation, tels les moyens à mettre en œuvre pour assurer la propriété intellectuelle, sur les transferts, nous sommes en train d’installer des bureaux de transfert technologique dans les universités. Nous préparons avec l’INNORPI une convention pour nous épauler dans l’espace réglementaire de droit d’auteur et de propriété intellectuelle qui reste un manque à gagner énorme pour la Tunisie. Au ministère de l’Industrie et avec les différents départements concernés par la recherche, dans notre ministère également (Ministère de l’Enseignement et de la Recherche Scientifique) nous allons les uns vers les autres sur la base de projets. Conduisons le tout, accompagnons le tout, finançons le tout. Nous travaillons aujourd’hui, sur des programmes européens. La Tunisie va signer dans le cadre de l’assistance technique avec l’Europe un grand projet de soutien au système d’innovation, nous y avons intégré la promotion de la recherche, de l’innovation, du transfert technologique et l’appui aux partenariats. Réaliser pareil projet avec l’appui des Européens représente pour nous une chance inouïe. Grâce à de tels accords, l’ANPRI aura les moyens de consolider ses structures, mûrir et mettre en œuvre les idées se rapportant à toute la politique de recherche et développement.
Certaines grande entreprises tunisiennes ou groupes, conscients de l’importance de la recherche créent eux-mêmes leurs propres structures de recherches et développements, comment pourriez-vous soutenir leurs efforts sans oublier le fait qu’on parle de plus en plus de l’importance d’exonérer les investissements en RD des impôts, qu’en pensez-vous ?
Lorsque la machine s’emballe dans le bon sens, le temps n’est plus linéaire, une accélération des réalisations aura lieu et les décisions publiques seront cristallisées autour des idées fondamentales. Vous parlez de groupes industriels qui développent des structures de recherche, c’est encore rare en Tunisie, ce n’est pas seulement Leoni, ce ne sont pas seulement les groupes qui viennent de l’extérieur dans le cadre des IDE qui le font car ceux ont acquis des traditions de recherche innovation et développement dans leurs pays d’origine, une grande entreprise de l’envergure du CPG de Gafsa le fait également. Le système a toutefois besoin d’adhérences dans certains groupes industriels qui s’orientent de plus en ver la RD, nous sommes prêts à les soutenir et les aider à évaluer leurs potentialités et à installer des unités de recherche et innovation. Ceux qui en ont déjà la tradition serviront d’accélérateur et de locomotive pour les autres mais nous sommes assez réalistes pour dire que la recherche est un secteur stratégique dans lequel les financements sont très lourds parce que les risques sont importants. Les PME ne pourront pas être au premier rang en matière de recherche et c’est pour cela que le ministère de l’Industrie et des Technologies compte dynamiser encore plus les technopôles et les centres techniques pour venir en aide aux PME soit à la demande de celles-ci soit en prenant eux mêmes des initiatives, quant à nous, en tant qu’agence, nous avons pour mission de rapprocher les différents partenaires.
Vous parler de partenariats avec l’Europe, qu’en est-il des USA en matière de recherche sachant que c’est le pays qui a développé le plus le triptyque, université, recherche et entrepreneuriat. Comptez-vous diversifier vos partenariats, l’Europe selon nombre d’observateurs étant en retard par rapport aux grands pôles américains et asiatiques dans la recherche ?
Tout est relatif s’agissant de la place de l’Europe dans la recherche à l’échelle planétaire. Au sein de l’Europe elle-même il existe des pays plus avancés que d’autres. En Tunisie, nous diversifions nos partenariats en matière de sciences et technologies, nous avons des relations très étroites avec le Japon et la Corée du Sud. Nos relations avec les States sont à un moindre degré par rapport à celles légitimes avec les Européens parce que ces pays là, représentent nos partenaires stratégiques, 80% de nos échanges économiques se font avec l’Europe. Elle reste notre partenaire privilégié en termes de connexion de notre système d’innovation avec les systèmes compétitifs européens. J’étais, il y a quelques jours à Bruxelles, nous avons discuté dans le cadre de l’accès de la Tunisie au statut avancé de partenaire privilégié avec l’Europe de la place avantageuse de la Tunisie dans la recherche et développement. Elle est considérée comme une locomotive en Afrique. Les choses changent rapidement à l’échelle internationale au niveau économique. La crise récente a complètement transformé la donne, les pays du Nord regardent d’un autre œil l’Afrique en général, les pays maghrébins et la Tunisie en particulier. Et à ce propos, notre pays occupe la première place en matière de projets de coopération dans les projets de recherches et de taux de réussite de ces projets. Mais je pense qu’il faut aller plus loin, il faut que le système de recherche et d’innovation tunisien converge avec les indicateurs européens de la recherche.
– Tous les articles sur
– Tous les articles sur