és d’Airbus devan tune ligne d’assemblage de l’A380 à Toulouse le 9 juin 2010. (Photo : Remy Gabalda) |
[09/06/2010 13:44:07] TOULOUSE (AFP) La commande record de 32 Airbus A380 par la compagnie Emirates a été accueillie avec une grande satisfaction mercredi chez les salariés d’Airbus et dans l’industrie, même si des sous-traitants locaux craignent que cette manne profite aux fournisseurs de pays à bas coûts.
“Quand la nouvelle s’est répandue mercredi matin à l’usine, il y a eu un sentiment général de grande satisfaction”, a expliqué à l’AFP Jean-François Knepper, délégué syndical central de Force ouvrière FO), premier syndicat français d’Airbus.
“Qu’Emirates, après déjà 58 appareils commandés, en prenne 32 de plus, démontre qu’elle a la conviction que nous sommes tirés d’affaire malgré les déboires industriels du lancement, et prouve que l’A380 est devenu incontournable sur le plan commercial, contrairement à ce que disait Boeing”, explique-t-il.
“C’est aussi beaucoup de travail pour les salariés d’Airbus : 32 A380, cela correspond à 250 A320, c’est fabuleux, et cela donnera l’équivalent d’un an de travail aux 10.000 salariés européens employés sur l’A380”, selon le syndicaliste.
à Toulouse le 9 juin 2010. (Photo : Remy Gabalda) |
Pour le délégué de la CGT, Xavier Petrachi, c’est “un coin de ciel bleu (…) montrant qu’ils nous croient capables de dépasser nos problèmes de production, mêmes s’ils ne sont pas encore derrière nous”.
Airbus, qui a pris plus de deux ans de retard sur l’industrialisation de son avion géant au démarrage, faute d’une bonne organisation entre les usines allemandes et françaises, a livré à ce jour 30 appareils et vient juste d’atteindre la cadence de deux avions par mois.
Cité par le journal Les Echos mercredi, le président d’EADS (maison-mère d’Airbus), Louis Gallois, y voit “un point de basculement”. Airbus mise sur 20 livraisons en 2010 et vise ensuite trois avions par mois, ce qui représente un plan de charge de près de sept ans sur l’A380.
François Bertrand, président du directoire de Latécoère, un des principaux fournisseurs d’Airbus, qualifie la commande d’Emirates de “signe très positif”. Si elle n’apporte pas de trésorerie immédiate au partenaire d’Airbus, “elle donne une visibilité de quatre à cinq ans à Latécoère, capitale pour une société de taille moyenne dans ses discussions avec banquiers et fournisseurs”, indique M. Bertrand.
Le patron de l’équipementier y voit aussi “le signe d’une reprise économique dans l’aérien, qui devrait être suivie d’autres bonnes nouvelles, pour toute notre industrie, compétitive et mondialisée”.
é sur un site de maintenance à Toulouse le 9 juin 2010. (Photo : Remy Gabalda) |
FO comme la CGT espèrent que “la baisse de l’euro, qui risque de prendre une tournure durable, convaincra Airbus de travailler en Europe, où se trouve la compétence, et de revoir son modèle” visant à se fournir de plus en plus dans les pays à bas coût.
Du côté des sous-traitants locaux, on redoute justement que la manne des nouveaux contrats échappe au tissu régional.
Un membre de la Confédération générale des petites et moyennes entreprises (CGPME), fournisseur d’outillage qui a requis l’anonymat, parle de “fausse bonne nouvelle”. Airbus “nous a confirmé la semaine passée qu’il voulait ne garder que des partenaires de tout premier rang, comme Latécoère, et les incite toujours à aller se fournir en zone +low cost+”, déclare-t-il.
Selon Anouk Déqué, présidente de la CGPME de Haute-Garonne, “si on continue de commander les pièces en Afrique du Nord, en Europe de l’Est ou en Chine, nos entreprises seront mortes quand viendra le moment de livrer Emirates, la région aura perdu sa compétence”.
A la direction d’Airbus, on s’inscrit en faux contre cette appréciation et un porte-parole toulousain assure : “La production irriguera largement tout le tissu industriel local”.