L’Allemagne s’apprête à laisser GM subvenir seul aux besoins d’Opel

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Le drapeau de GM devant l’usine Opel de Bochum, en Allemagne, le 10 septembre 2009 (Photo : Lennart Preiss)

[09/06/2010 14:43:10] FRANCFORT (AFP) L’Allemagne semble sur le point de laisser le géant américain GM se débrouiller seul pour redresser sa marque européenne Opel, après des mois de suspense et malgré les risques pour les 23.000 salariés allemands.

Officiellement, une commission gouvernementale devait se réunir mercredi soir pour statuer sur la demande de 1,1 milliard d’euros de garanties de la marque à l’éclair, mais les jeux semblent déjà faits en grande partie.

La chancelière Angela Merkel a convoqué pour jeudi une réunion avec les chefs de gouvernements des Etats régionaux concernés, après laquelle une décision pourrait être annoncée.

Le dossier Opel traîne depuis des mois à Berlin, mais ses chances ont semblé encore fondre cette semaine, avec l’annonce par le gouvernement d’une très sévère cure d’austérité au milieu de laquelle une aide à Opel, même sous forme de simples garanties, ferait tache.

Le ministre de l’Economie Rainer Brüderle, qui doit décider in fine avec la chancelière, a dit à de multiples reprises son “scepticisme”, et a clairement souligné jeudi qu’il jugeait “GM en mesure de faire des efforts lui-même, de se moderniser”.

Le gouvernement, qui s’est rendu très impopulaire en mettant la main à la poche pour les plans de sauvetage de la Grèce et l’euro, “peut difficilement justifier une aide à Opel”, souligne Stefan Bratzel, directeur du Centre de recherche sur l’automobile de l’université FHDW.

De leur côté, les syndicats redoutent la fermeture de deux usines sur quatre en Allemagne si les demandes de GM ne sont pas satisfaites, et les Etats régionaux, appelés à participer avec l’Etat fédéral à la garantie, craignent aussi pour l’emploi.

S’il est éconduit par Berlin, “GM aura un bon motif pour supprimer des emplois dans les prochaines années en Allemagne”, avance M. Bratzel.

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évrier 2010 (Photo : Volker Hartmann)

Mais pour le gouvernement et de nombreux analystes, General Motors a les moyens de financer lui-même sa restructuration, d’un coût de 3,7 milliards d’euros et qui prévoit la suppression d’environ 8.000 emplois en Europe, sur 46.000, selon les derniers chiffres fournis par Opel.

Le vent semble avoir tourné pour l’entreprise depuis que sa maison-mère, sortie de faillite, a remboursé les prêts des gouvernements américain et canadien et dégagé des bénéfices au premier trimestre.

“Pour GM, il s’agit seulement d’économiser 300 millions d’euros sur son emprunt”, affirme M. Dudenhöffer, spécialiste de l’automobile à l’Université de Duisburg-Essen. Des garanties publiques permettraient en effet à Opel de se refinancer à moindre coût.

“Les usines Opel sont menacées, garantie publique ou non”, juge M. Dudenhöffer.

La survie d’Opel, qui a demandé au total 1,8 milliard d’euros aux gouvernement allemand, britannique, polonais, espagnol et autrichien, ne semble toutefois plus en jeu, comme en novembre 2008, lorsque GM a demandé de l’aide à Berlin pour la première fois.

“General Motors a besoin d’Opel, car un constructeur mondial a besoin d’être présent sur le marché européen, qui est important”, note M. Bratzel.

Mais la marque, en perte de vitesse depuis des années, a fort à faire.

Tournée sur les marchés européens à la croissance anémique, elle a en plus “un problème d’image, en raison de problèmes de qualité il y a cinq-six ans”, rappelle-t-il.

Le feuilleton Opel se prolonge depuis novembre 2008 en Allemagne lorsque le constructeur a demandé pour la première fois de l’aide. Sorti de faillite, GM a décidé en novembre de restructurer lui-même Opel.