Le titre BP rechute car le marché voit s’éloigner l’espoir de dividendes

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Logo de BP (Photo : Karen Bleier)

[09/06/2010 17:29:00] LONDRES (AFP) Le titre BP a terminé à la queue des valeurs du Footsie-100 mercredi à la Bourse de Londres, les investisseurs doutant que le groupe pétrolier, surveillé de près par les autorités américaines, verse tout son dividende cette année après la marée noire causée par sa plate-forme dans le golfe du Mexique.

Le titre BP a terminé en baisse de 4,24% à 391,55 pence, avec un plus bas de 380,50 pence, sa plus mauvaise performance depuis octobre 2008, au pire de la crise financière. Depuis l’explosion du 20 avril, BP a cédé 40% de sa valeur, soit une cinquantaine de milliards de livres (60 mds EUR).

Le marché croit en effet de moins en moins au versement d’un dividende complet cette année, même si BP a confirmé mardi le versement de celui du premier trimestre. Ce serait un manque à gagner énorme, sachant que le géant a versé 10,483 milliards de dollars en 2009, soit un septième des dividendes distribués par les groupes du Footsie-100.

Non que BP n’ait pas les moyens de payer, car ses finances sont très robustes, mais il n’est pas sûr que les autorités américaines l’entendront de cette oreille.

Mardi, le président Barack Obama a indiqué qu’il aimerait “botter des fesses” dans cette affaire, en suggérant la démission du directeur général de BP Tony Hayward. Le président avait déjà relevé la semaine dernière les “10,5 milliards, je dis bien milliards de dollars de dividendes” envisagés par BP. “Cela ne me pose pas de problème que BP respecte ses obligations légales (envers ses actionnaires), mais je veux qu’ils sachent qu’ils ont des obligations morales et légales ici dans le golfe”, avait-il prévenu.

Deux sénateurs démocrates américains ont aussi demandé à M. Hayward de ne pas payer de dividendes tant que les coûts de la marée noire n’auraient pas été calculés.

“Il reste une très grande incertitude sur les futurs paiements de dividendes, et avec la sortie publique du président Obama sur le bottage de fesses, en amont d’importantes élections au Congrès en novembre, il y a une crainte de voir BP servir de bouc émissaire”, notait Joshua Raymond de City Index.

“Tout cela rend les perspectives incertaines et, là où il y a incertitude, les investisseurs fuient”, remarquait-il.

Deux analystes de la Société générale, Evgeny Solovyov et Aymeric de Villaret, ont estimé qu’il y avait une chance sur deux que BP ne paie pas le prochain dividende trimestriel.

“La question est de savoir si BP sera en mesure de contrôler suffisamment la situation” pour s’autoriser à le faire, “en présentant une histoire acceptable aux politiciens et à l’opinion publique américaine”, résumaient-ils, tout en jugeant, au vu de l’accélération de la récupération du pétrole ces derniers jours, “qu’il y avait une chance raisonnable de voir l’état d’esprit changer d’ici à fin juillet”.

Alan Sinclair de Seymour Pierce s’énervait pour sa part contre un marché qui n’avait pas selon lui une vue “rationnelle”. “La situation du prix de l’action, aggravée par des commentaires mal informés de politiciens américains ignorants, et de commentateurs du même acabit, est en train de tourner à la farce”, a-t-il dit.

Les investisseurs cependant ne semblent pas encore spéculer sur une chute de BP sur les marchés. Selon les données de Data Explorers, seulement 0,5% des actions BP font l’objet actuellement d’un emprunt en vue de ventes à découvert, contre 4% pour l’ensemble des valeurs du Footsie-100.

La direction de BP, qui a renouvelé mercredi son soutien à M. Hayward, se contente pour l’instant d’indiquer que les décisions sur les dividendes “seront fondées sur les circonstances en vigueur au moment” de la décision.