Leader des tubistes en Tunisie, qu’il ne compte pas négliger à l’avenir, PAF achève la mise en place de deux usines en Libye, et envisage d’initier une activité industrielle en Algérie.
S’il a ouvert de nouvelles perspectives de développement à d’autres entreprises, l’accord d’association conclu par la Tunisie avec l’Union européenne, le 17 juillet 1995, aurait pu sinon mettre en péril du moins en difficulté la Société de Transformation de Métaux «PAF». Car cette société de Poulina Group Holding (PGH), alors «tubiste», c’est-à-dire spécialisée dans la fabrication de tubes soudés en acier, a vu ses produits perdre de leur compétitivité en raison de l’annulation des subventions publiques conformément à l’accord tuniso-européen. «Sans quoi, le tube, un produit pauvre, n’est plus exportable», explique Fakhreddine Lejmi, directeur général de PAF.
Pour éviter d’aller dans le mur, PAF a donc dû trouver la parade qui a consisté à se lancer dans la fabrication de produits tubulaires à valeur ajoutée qui présentent l’incommensurable avantage de marginaliser le coût du transport et de consommer plus de tubes.
Leader sur le marché tunisien, PAF a commencé alors à produire des produits de BTP (échafaudage, étais métalliques, tour d’étaiement) et a encore élargi sa gamme, parce qu’il ne voulait pas dépendre trop d’un seul secteur, le bâtiment en l’occurrence. Aujourd’hui, PAF fait également du traitement thermique et du revêtement de surface, et s’est lancé dans les produits tubulaires comme l’équipement pour la stabilisation de vaches dans les fermes et les barrières de sécurité.
Mais, pur produit de PGH –il y a débuté il y a vingt ans comme contrôleur de gestion, pour être ensuite promu successivement directeur administratif et financier, directeur commercial, directeur général adjoint puis directeur général-, Fakhreddine Lejmi a doublé la diversification horizontale d’une diversification géographique.
Après avoir jusqu’ici exporté l’essentiel de sa production en France –où l’entreprise compte parmi ses clients des distributeurs de barrières pour le Tour de France à qui elle a fourni plus de 20.000 barrières utilisées pour contenir la foule des spectateurs-, PAF a mis le cap sur le Maghreb. Développement d’autant plus nécessaire que la concurrence tend à devenir plus présente sur le marché local. «Nous étions trois tubistes, nous sommes devenus six», observe notre interlocuteur.
A l’exception du Maroc qui occupe une position marginale, les autres pays de la région prennent de plus en plus de poids, et notamment en Libye et en Algérie.
En Libye, qui absorbe 40% des exportations, PAF est en train de monter deux usines -l’une de tubes soudés et l’autre de panneaux sandwichs- qui devraient entrer en production «fin juillet ou début août 2010», indique le directeur général.
En Algérie, où elle a commencé à prendre pied en 2009, en y exportant notamment des tubes soudés, PAF est en train de passer à la vitesse supérieure. Elle s’y est rapprochée d’une entreprise locale avec laquelle elle a participé en mai 2010 à la dernière édition de BATIMATEC. En outre, l’idée d’une implantation industrielle dans ce pays, envisagée puis mise entre parenthèses provisoirement, en raison du chantier libyen, serait remise sur le tapis dès que celui-ci aura été bouclé.
Mais cela ne veut pas dire que la Tunisie sera pour autant négligée. PAF, qui a pris part au Salon Internationale du Bâtiment Carthage 2010, continue à se développer localement. Elle vient d’acquérir une nouvelle ligne de plateaux d’échafaudage. «Seul fabricant de tubes de précision en acier soudés et étirés à froid en Afrique du Nord», souligne le directeur général, l’entreprise entend consolider son leadership avec la mise en service d’un nouveau four pour porter sa capacité de production de 2.000 à 6.000 tonnes. Enfin, PAF reste prête à y initier de nouveaux projets en Tunisie «en fonction de l’évolution du marché», précise Fakhreddine Lejmi.