La compagnie de ferries SeaFrance annonce 725 suppressions d’emplois

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à Douvres d’un bateau de la compagnie maritime transmanche Seafrance (Photo : Joel Saget)

[11/06/2010 15:54:40] CALAIS, Pas-de-Calais (AFP) Après un an et demi de conflit avec les syndicats, la compagnie de ferries SeaFrance, en difficulté financière, a dévoilé vendredi un plan de 725 suppressions d’emplois, bien plus qu’annoncé jusqu’ici, et s’apprête à demander son placement en redressement judiciaire.

La compagnie de ferries, qui “a perdu 15 millions d’euros” lors des quatre premiers mois de 2010 avait besoin pour poursuivre son activité d'”un gain de productivité très important”, a expliqué Vincent Launay, directeur général adjoint de SeaFrance, en sortant du comité d’entreprise à Calais où le plan a été annoncé.

Cette condition était nécessaire, selon M. Launay, “pour retrouver un projet qui permette de rééquilibrer les comptes et de justifier un financement de l’entreprise, puisqu’il faudra injecter massivement de l’argent”.

Le plan doit être présenté mercredi au tribunal de commerce de Paris, avant d’être “voté et mis en oeuvre le 21 juillet”, a indiqué Marc Sagot, élu CGT au CE de SeaFrance, qui l’a qualifié de “dramatique pour les salariés”.

La direction espère qu’il permettra un retour à une exploitation positive “d’ici deux à trois ans”.

La compagnie de ferries SeaFrance s’était placée en avril sous la tutelle du tribunal, étant “sur le point d’arriver aux limites de sa trésorerie”.

Cette procédure de sauvegarde était intervenue après une grève qui avait paralysé les liaisons de la compagnie durant les quatre jours du week-end de Pâques, l’un des plus importants de l’année. Les syndicats protestaient alors contre certaines mesures du plan de redressement, qu’ils avaient signé à contrecoeur, et qui prévoyait 482 suppressions de postes sur 1.580.

La direction de SeaFrance demandera mercredi la conversion de la procédure de sauvegarde en redressement judiciaire “pour accélérer le processus”.

Ce nouveau plan est le dernier épisode d’un bras de fer qui dure depuis un an et demi entre l’entreprise et les syndicats au sujet des suppressions d’emplois souhaitées par la direction.

Invoquant de grosses pertes dues à la concurrence du Tunnel sous la Manche et à la crise économique, la direction avait présenté en février 2009 un premier plan de redressement, qui a été remanié à de nombreuses reprises et finalement signé en janvier 2009.

A la mi-avril, le parquet de Boulogne-sur-mer a ouvert une information judiciaire pour “abus de confiance”, suite à une plainte de la direction de SeaFrance, qui soupçonne des fraudes dans les ventes à bord des bateaux, ajoutant ainsi au climat délétère de l’entreprise.

Vendredi, la CFDT, syndicat majoritaire et principal adversaire de la direction, a décidé de “donner un avis positif sur ce projet de plan de sauvegarde”, tout en souhaitant “qu’il n’y ait aucun licenciement sec”, a indiqué Eric Verckourtre, élu du CE.

La CFDT n’avait semble-t-il guère de marge, Guillaumme Pépy, président de la SNCF, maison mère de SeaFrance, ayant pesé de tout son poids et fait pression en adressant jeudi un courrier dans lequel il enjoignait les syndicats et notamment la CFDT de prendre “ses responsabilités” lors du CE de vendredi.

Plusieurs centaines des départs volontaires prévus dans la précédente mouture du plan de redressement sont déjà effectifs, soit plus de 260, selon la direction, ou 378 selon la CFDT.

SeaFrance assure en temps normal entre 16 et 19 départs quotidiens entre Calais (Pas-de-Calais) et Douvres (Royaume-Uni).