ège de la banque Sabadell à Barcelone le 22 décembre 2003 (Photo : Lluis Gene) |
[12/06/2010 10:11:27] MADRID (AFP) Les rapprochements entre caisses d’épargne régionales mais aussi entre banques, comme celui annoncé vendredi par Sabadell et Guipuzcoano, portent à ébullition le secteur financier espagnol, fragilisé par la crise et l’éclatement de la bulle immobilière.
Les rapprochements annoncés cette semaine devraient aboutir à la création d’entités majeures sur la scène financière espagnole, affaiblie par la crise immobilière qui pollue leurs comptes et par la crise de confiance sur le marché interbancaire qui complique leur financement.
Le secteur financier espagnol se compose de deux catégories d’établissements aux poids respectifs équivalent: les banques et les caisses d’épargne, qui sont partiellement contrôlées par les pouvoirs publics locaux.
Ces dernières sont fragilisées par les conséquences de l’éclatement de la bulle immobilière en 2008, qui a fait tomber dans leur escarcelle beaucoup d’actifs immobiliers surévalués en compensation de créances impayées.
Face à la multiplication des signaux d’alarmes (le sauvetage de deux petites caisses) et à l’insistance des organismes internationaux et des analystes qui jugent urgent et indispensable la restructuration du secteur, le gouvernement socialiste a donné jusqu’à la fin du mois aux caisses pour se réorganiser.
La Banque d’Espagne a même demandé que les éventuelles demandes d’aide publique auprès du fonds ad hoc créé par le gouvernement, le Frob (doté au maximum de 99 milliards d’euros), soient déposées au plus tard mardi prochain.
Selon les estimations, les besoins de financement du Frob iraient de 15 à 50 milliards d’euros. Actuellement, il y a onze processus de rapprochement, impliquant 36 caisses, sur les 45 existantes.
Jeudi soir a été annoncée la plus que probable création d’un poids-lourd: la caisse d’épargne de la région de Valence (est), Bancaja, s’est greffée au processus de fusion “froide” conduit par l’importante caisse de Madrid, Caja Madrid, avec cinq autres caisses mineures.
Ces entités cumulent des actifs estimés à près de 340 milliards d’euros. Leur rapprochement créerait le troisième groupe financier espagnol, derrière les banques Santander et BBVA.
Et devant la jusqu’ici indétrônable caisse d’épargne catalane, La Caixa, qui est elle-même en train d’absorber une petite caisse catalane, Girona (environ 280 milliards d’euros d’actifs à elles deux).
Caja Madrid et ses associées prévoient une “fusion froide”, de son vrai nom Système institutionnel de protection (SIP). Ce système permet de mutualiser les risques en instaurant une solidarité entre établissements alliés, mais dont chacun conserve sa marque commerciale, ses équipes, etc.
Moins traumatisant qu’une fusion normale, ce système limite grandement les synergies. Et certains observateurs ou analystes s’interrogent sur l’efficacité de ces rapprochements.
Le SIP de Caja Madrid et Bancaja passera par la création d’une “société centrale” qui devrait être présidée par le président de la caisse madrilène, l’ex-directeur général du FMI, Rodrigo Rato.
Cette frénésie de rapprochement entre caisses d’épargne a un peu débordé sur le secteur bancaire traditionnel: Banco Sabadell, quatrième banque espagnole, a annoncé vendredi étudier “la possible intégration de Banco Guipuzcoano”, une banque du Pays Basque (nord).
Selon des informations de presse, les banques espagnoles rencontrent des difficultés croissantes sur le marché interbancaire pour se financer.
A la Bourse de Madrid, les valeurs bancaires étaient en forte hausse vendredi matin, avec des gains supérieurs à 4%.