Sarkozy et Merkel à Berlin pour faire avancer le pilotage économique de l’UE

photo_1276499661972-1-1.jpg
à Bruxelles le 7 mai 2010 (Photo : Michel Euler)

[14/06/2010 07:20:11] PARIS (AFP) Une semaine après le raté qui a ravivé les doutes sur la santé du couple franco-allemand, Nicolas Sarkozy et Angela Merkel se retrouvent lundi à Berlin pour tenter de rapprocher leurs positions sur la gouvernance économique de l’Europe avant le sommet de Bruxelles.

Grand classique de la geste diplomatique franco-allemande, le rendez-vous de la chancelière et du président avait été programmé le 7 juin pour colmater les brèches apparues entre les deux pays à la faveur de la crise grecque et des menaces sur l’euro. Son report d’une semaine, en dernière minute, a attisé les inquiétudes.

Officiellement, la rencontre a été retardée à cause de l’emploi du temps surchargé d’Angela Merkel, très occupée lundi dernier à négocier avec sa majorité un plan d’austérité draconien pour son pays jusqu’en 2014.

La confusion entretenue dans les deux capitales autour du responsable de cet ajournement –Paris ou Berlin ?– n’a fait qu’alimenter les commentaires sur les “froideurs et les malentendus”, selon les mots du quotidien allemand Die Welt (droite), entre les deux dirigeants.

Pour tordre le cou aux rumeurs de divorce, Nicolas Sarkozy et Angela Merkel ont publié mercredi une lettre commune demandant à la Commission européenne d’accélérer ses efforts sur la régulation des marchés financiers.

“Il fallait montrer que la France et l’Allemagne travaillent ensemble”, a souligné mercredi le secrétaire d’Etat français aux Affaires européennes Pierre Lellouche, “la séparation n’est pas une option”.

photo_1276499896728-1-1.jpg
ère allemande Angela Merkel et le président de l’UE Herman Van Rompuy lors d’une conférence de presse à Berlin le 10 juin 2010. (Photo : Johannes Eisele)

Vendredi, la chancelière est elle-même montée au créneau pour réaffirmer la bonne entente franco-allemande, malgré les agacements suscités en France comme ailleurs en Europe par ses réticences à voler au secours de la Grèce ou à appuyer le plan de soutien de la zone euro.

“Je me suis concertée de façon intensive avec Nicolas Sarkozy pendant la crise de la zone euro”, a-t-elle juré au Frankfurter Allgemeine Zeitung, “toutes les décisions importantes ont été préparées et portées ensemble”.

Malgré ces proclamations, le menu de la réunion de Berlin s’annonce lourd tant les positions de la France et de l’Allemagne paraissent éloignées sur la question délicate de la coordination des politiques économiques au sein de l’Union européenne et de la zone euro.

Partisan d’un véritable “gouvernement économique” dans la zone euro, Nicolas Sarkozy défend l’idée de réunions régulières de leurs chefs d’Etat et de gouvernement, avec création d’un secrétariat des seize.

“Pour qu’une zone monétaire soit efficace, il faut qu’elle soit dotée d’une politique économique coordonnée (et) des instances qui permettent la mise en oeuvre et le respect de ces politiques”, a plaidé cette semaine encore la ministre française de l’Economie Christine Lagarde.

Au nom de l’indépendance de la Banque centrale européenne (BCE), Mme Merkel préfère un pilotage économique à 27 et reste très réservée, tout comme le président de l’UE Herman Van Rompuy, sur la création de nouvelles institutions à vocation économique au sein de la zone euro.

Au contraire, la chancelière verrait bien toute l’Europe suivre son pays sur la voie d’une cure d’austérité, dont M. Sarkozy ne manque plus une occasion de dénoncer les risques pour la croissance. Bref, la discussion de lundi soir s’annonce serrée.

“Sarkozy et Merkel n’ont pas le choix. Ils doivent trouver un +deal+, un peu plus de rigueur budgétaire en échange d’un peu plus de gouvernance économique”, prévient un ministre français, “car s’il n’y a pas d’accord au Conseil européen du 17, on va se faire exploser par les marchés”…