S’il est un mérite du programme SIFE Tunisie pour le développement de l’entrepreneurship au sein de l’université, c’est bien celui, non seulement de pousser les futurs diplômés des universités à mettre en pratique leurs connaissances théoriques mais surtout à s’intéresser à leur environnement direct et à tester grandeur nature, l’efficience de ces connaissance. Pour juger de la qualité de ce programme, une série de projets mis en place et que nous publierons, progressivement, sur Webmanagercenter d’ici la tenue de la compétition nationale Sife, prévue pour le 1er juillet 2010.
Sife vise donc à apprendre aux aspirants entrepreneurs à évaluer leurs capacités, à contourner les difficultés, se débrouiller avec le minimum de moyens, calculer le coût et le temps, négocier, travailler en équipe et parfois improviser pour que ça marche sans pour autant négliger le fait qu’une entreprise, c’est une hiérarchie, un budget et une organisation bien structurée. Car finalement ça peut marcher !
«Dans la vie, il y a deux catégories d’individus : ceux qui regardent le monde tel qu’il est et se demandent pourquoi. Ceux qui imaginent le monde tel qu’il devrait être et se disent : pourquoi pas ?» disait George-Bernard SHAW.
Et Najeh Talas, Sonia Amri, Ouerghemmi Saoussen et Sana Klai, étudiantes et conseillères pédagogiques à l’Institut supérieur des Métiers du Patrimoine (ISMP), croient qu’elles peuvent aider «khalti Fatma» à monter un projet, qui lui permettra de vivre bien, d’améliorer les conditions et la qualité de sa vie dans cette petite bourgade du parc national d’Ichkeul.
Le projet : un havre de paix dans la montagne
Ichkeul, c’est un petit coin de paradis, un parc naturel, classé patrimoine mondial par l’UNESCO. Il représente l’une des plus importantes réserves ornithologique d’Afrique du Nord. Plusieurs centaines de milliers d’oiseaux y trouvent refuge durant leur hivernage. Le lac communique avec celui de Bizerte et en hiver, les ruisseaux l’alimentent en eau douce et la salinité devient faible. L’hiver le flux s’inverse et l’eau de mer l’envahit, d’où la constitution d’un écosystème, rarissime. Ce parc héberge une soixantaine de famille qui vivent des produits de leur élevage.
Khalti Fatma y vit.
Pour en faire une entrepreneure, l’équipe Sife a monté un projet. Son projet, consiste à faire de sa maison une halte pour les nombreux visiteurs du parc qui veulent se désintoxiquer de la pollution urbaine et s’imprégner de la pureté de l’air des hauteurs montagneuses d’Ichkeul. Une chambre serait donc aménagée chez Khalti Fatma, elle servira de salle à manger, de salle de repos ou de séjour pour ceux qui veulent découvrir la vie rurale, se ressourcer de nature, d’huile de « Zebbous », une huile d’olive douce et très rare qu’on trouve uniquement dans cette région, et de pain fait maison, de miel aussi. Bref, le dépaysement total.
Tout le monde y gagne, les amoureux de la nature, Khalti Fatma qui gagnerait en autonomie grâce à ce que lui rapportera la vente de ses services et aura des revenus stables et plus que tout on pourrait préserver un mode de vie simple et sain.
Khalti Fatma est une habituée de l’entrepreneuriat à sa petite échelle. Elle a déjà remboursé un prêt à l’Association de Soutien à l’Auto-développement ASAD, elle est solvable et a montré qu’elle était capable de gérer un petit projet.
Pour ce projet l’équipe a besoin de 2500 D, pour l’aménagement d’une chambre permettant d’accueillir les visiteurs du parc. Mais aussi un grand travail sur terrain que les initiatrices du projet n’ont pas hésité à faire, celui de baliser le chemin menant à la maison de «Khalti Fatma», située en hauteur.
Deux excursions test ont été organisés par les étudiants et les enseignants de l’ISMP, verdict ? Superbe répond Sana, non parce qu’elle est la mère de la mariée» mais parce que «l’endroit est idyllique, l’huile de Zebbous est succulente et le pain nous rappelle que le goût véritable du pain n’a pas disparu, il suffit tout juste se rattraper».
Anticiper ? Oui l’équipe a anticipé les nouveaux besoins suscités par le retour d’une certaine catégorie de population habituellement sédentaire à vouloir changer d’air et d’aire! L’idée est d’inscrire le projet dans la durée et sur la liste, il y a déjà un «Am Ammar» qui attend de rejoindre le peloton des porteurs de projets de gites ruraux. Cela ne sera certes pas facile car l’équipe a déjà du mal, en dépit de la petite subvention de SIFE, à collecter des fonds ou à trouver des sponsors pour mener à bout le projet «Khalti Fatma».
Entreprendre pour vivre, oui, pour gagner de l’argent, bien entendu, mais c’est surtout en aidant les autres à être en harmonie avec la nature, en mettant l’être humain au centre des préoccupations du promoteur, en améliorant la qualité de vie, le bien d’êtres humains et en ne négligeant pas les facteurs essentiels pour y parvenir que ça devient encore plus intéressant. Préserver l’environnement, lutter contre la dilapidation des ressources naturelles, c’est ce que vise Sife, son mérite est d’apprendre aux futurs entrepreneurs à être tenaces, à se battre et prouver que l’avenir se conjugue, également, au présent.
– Tous les articles sur
