Roumanie : le gouvernement affronte la censure, les syndicats dans la rue

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à Bucarest (Photo : Daniel Mihailescu)

[15/06/2010 09:15:58] BUCAREST (AFP) Le gouvernement de centre-droit roumain affrontait mardi dans une atmosphère houleuse une motion de censure visant son plan draconien d’austérité, alors que des milliers de syndicalistes en colère étaient massés devant le Parlement.

Déposée par le Parti social-démocrate (PSD, opposition), la motion dénonce le “génocide social” qu’entraînerait la diminution de 25% des salaires du public et de 15% des retraites décidée par le gouvernement du Premier ministre Emil Boc.

“L’adoption de ces mesures représente un geste de responsabilité, c’est la seule solution pour pouvoir continuer à payer salaires et retraites”, a déclaré M. Boc sous les huées des élus d’opposition.

“L’alternative serait le défaut de paiement”, a-t-il mis en garde.

Dans un pays où le salaire moyen s’élève à 350 euros par mois et la retraite à 170 euros, ces coupes devraient permettre d’économiser 2,5 milliards d’euros jusqu’à la fin de l’année et de ramener le déficit public à 6,8% du Produit intérieur brut.

“En l’absence de ces mesures, le déficit atteindrait 9,1% du PIB et la Roumanie serait contrainte d’emprunter 11 milliards d’euros”, a ajouté le chef du gouvernement en accusant ses prédécesseurs d’avoir “gaspillé l’argent”.

“Il vaut mieux avaler ce médicament amer aujourd’hui pour assurer l’avenir économique du pays”, a-t-il lancé.

Rassemblés devant le gigantesque palais de Nicolae Ceausescu où siège le Parlement, des milliers de fonctionnaires publics et de retraités appelaient au départ du gouvernement et du président Traian Basescu, accusé d’être l’inspirateur de ces mesures.

“Honte à vous” et “Voleurs”, scandaient les protestataires, selon des images retransmises en direct par les chaînes de télévision.

Malgré un important dispositif de sécurité, les manifestants ont bloqué le trafic sur l’une des artères longeant le bâtiment et tentaient de forcer l’entrée dans la cour du Parlement.

“Le moment de vérité est arrivé, ceux qui vont voter contre cette motion condamneront des millions de Roumains à la pauvreté extrême”, avait déclaré peu auparavant le président du Sénat et ancien chef du PSD Mircea Geoana.

Le plan de rigueur convenu avec le Fonds monétaire international (FMI) et l’Union européenne (UE) devrait permettre à Bucarest d’obtenir de nouvelles tranches vitales d’un prêt global de 20 milliards d’euros consenti l’année dernière.

Après près de dix ans de forte croissance, la Roumanie est entrée en récession fin 2008, la contraction du PIB ayant atteint 7,2% l’année dernière. Pour être adoptée et entraîner la chute du gouvernement, la motion doit recueillir 236 voix sur les 471 élus du Parlement.

L’opposition dispose de 212 sièges et espère mobiliser 24 autres voix dans les rangs de la majorité.

Ne cachant pas leur grogne à l’égard du plan de rigueur, plusieurs élus du Parti démocrate-libéral (PDL, au pouvoir) de M. Boc, comme du groupe des “indépendants”, ont annoncé ces derniers jours leur intention de voter en faveur de la motion, au risque de subir des sanctions.

Le vote devrait intervenir en milieu d’après-midi.