Les marchés restent calmes malgré la nouvelle dégradation de la note grecque

photo_1276605802038-1-1.jpg
à Athènes le 14 juin 2010. (Photo : Louisa Gouliamaki)

[15/06/2010 12:44:04] ATHENES (AFP) Les marchés financiers se montraient peu impressionnés mardi par la nouvelle dégradation de la note de la Grèce, ramenée dans la catégorie des investissement spéculatifs par Moody’s, une décision vertement critiquée par les dirigeants européens.

Si les places boursières européennes ont ouvert en baisse, elles étaient toutes dans le vert en milieu de journée, le Cac 40 gagnant ainsi plus de 0,60% vers 11H00GMT, malgré l’abaissement lundi soir de quatre crans de la note d’Athènes, une dégradation critiquée par l’UE et jugée injustifiée par la Grèce.

Le commissaire européen aux Affaires économiques, Olli Rehn, a qualifié d'”étonnant et malheureux” le moment choisi par Moody’s pour dégrader la note de la Grèce, une décision qui selon lui “ne correspond pas du tout au rendement des obligations grecques et aux différentes conséquences négatives qui sont considérablement réduites depuis l’adoption de ce programme”.

“Les mesures adoptées par le gouvernement grec traduisent bien son engagement à réformer son système statistique, à stabiliser ses finances publiques et restaurer une croissance économique durable à long terme”, a ajouté M. Rehn.

De son côté, le président de l’Eurogroupe, Jean-Claude Juncker, a critiqué l’abaissement “irrationnel” de la note, estimant que les marchés financiers “interprètent de façon erronée les décisions qui ont été prises”.

M. Juncker a souligné que la Grèce s’était pliée à de “strictes” conditions d’assainissement de ses finances publiques pour recevoir l’aide des autres pays de la zone euro et du Fonds monétaire international (FMI).

Pour Moody’s, la nouvelle note Ba1 reflète les risques liés au plan de sauvetage de la Grèce mis en place par les pays de la zone euro et le Fonds monétaire international (FMI).

Moody’s a ainsi estimé qu’il demeure une incertitude considérable sur le calendrier et l’impact de la cure d’austérité à laquelle le pays s’est résolu début mai pour décrocher le feu vert à des prêts de la zone euro et du FMI d’un montant de 110 milliards d’euros sur trois ans.

Le ministère grec des Finances avait immédiatement réagi lundi soir à cette dégradation, jugeant qu’elle ne reflète ni le progrès enregistré ces derniers mois, ni les perspectives ouvertes par l’assainissement budgétaire et l’amélioration de la compétitivité du pays.

Le ministère a fait valoir la réduction de 38,8% du déficit budgétaire pour les cinq premiers mois, par rapport à la même période de 2009, une amélioration importante reconnue par la Commission, la Banque centrale européenne et le FMI.

Le ministère a aussi noté que la récession au premier trimestre est inférieure à celle prévue pour l’année, de -4%, par le plan élaboré avec l’UE et le FMI.

La presse grecque s’agaçait de son côté de l’abaissement de la note, qu’elle jugeait surprenant sinon déloyal.

“Quatre bravos et une provocation”, titrait en une le pro-gouvernemental Ta Néa, opposant le “sabotage” de Moody’s aux “compliments” adressés au pays ces derniers jours par les dirigeants de la BCE et de la Deutsche Bank, Jean-Claude Trichet et Josef Ackerman.

Alors que des experts de l’UE et du FMI contrôlent depuis lundi à Athènes le plan de redressement budgétaire gouvernemental, “cette dégradation fournit le prétexte à une poursuite du jeu spéculatif des marchés au détriment de l’économie grecque”, jugeait Ta Néa.

Le libéral Kathimérini citait des sources de la Banque de Grèce qualifiant la dégradation de “coup en-dessous de la ceinture”.