Déficit : la France devra peut-être faire davantage d’efforts, selon Bruxelles

photo_1276621103596-1-1.jpg
ésident de la Commission européenne Jose Manuel Barroso quitte l’Elysée le 26 avril 2010 à Paris (Photo : Lionel Bonaventure)

[15/06/2010 16:59:57] BRUXELLES (AFP) La France doit “spécifier” les mesures d’économie budgétaire qu’elle prévoit pour tenir son objectif de réduction du déficit dans les années à venir et pourrait être obligée d’en prendre de nouvelles, a mis en garde mardi la Commission européenne.

Le gendarme budgétaire européen a rendu une évaluation concernant les efforts entrepris par douze pays de l’UE, dont la France, l’Espagne et le Portugal, pour ramener leurs déficits publics excessifs dans la limite de 3% du PIB prévue par le Pacte de stabilité. Paris prévoit d’y parvenir en 2013.

La Commission a décidé dans l’immédiat de ne pas durcir la procédure pour déficit excessif entamée contre la France, au vu des mesures planifiées par le gouvernement pour revenir dans les clous du Pacte.

Mais elle estime d’une part que les prévisions de croissance du gouvernement pour la période 2011-2013 sont “très optimistes”. En outre, “les mesures soutenant la stratégie de consolidation (budgétaire) doivent être spécifiées davantage” par les autorités françaises, juge Bruxelles.

Le programme de réduction du déficit “pourrait devoir être renforcé” et de nouvelles mesures “pourraient devoir être prises afin de parvenir à la réduction du déficit excessif dans les délais impartis”, indique un document de la Commission.

Le déficit public français a atteint l’an dernier 7,5% du PIB. La France attend cette année un déficit historique de 8%, baissant à 6% en 2011, 4,6% en 2012 et 3% en 2013, comme promis à Bruxelles.

Le Premier ministre, François Fillon, a annoncé samedi que l’Etat français allait diminuer de 45 milliards les dépenses publiques d’ici 2013 pour parvenir à l’objectif d’un déficit de 3% en 2013.

Ces cent milliards devront être trouvés pour moitié dans des réductions de dépenses et pour l’autre moitié dans des augmentations de recettes. L’Allemagne vient d’ailleurs annoncer un plan de réduction de son déficit de 80 milliards sur quatre ans.

Pour l’Espagne et le Portugal, précise la Commission, “il est attendu” de ces pays “qu’ils précisent dans leur budget 2011 les mesures, correspondant respectivement à 1,75 point de PIB et 1,5 point de PIB, qui doivent leur permettre d’atteindre leurs nouveaux objectifs”, souligne-t-elle.

Concernant l’Espagne, “il doit y avoir des mesures additionnelles pour atteindre l’objectif de 2011”, a précisé un porte-parole de la Commission.

Le rapport de la Commission précise que les mesures “devraient être davantage précisées dès que possible dans le contexte du travail budgétaire préparatoire pour 2011” et que pour les années suivantes, “des efforts supplémentaires vont être nécessaires pour que le ratio de dette s’engage sur une trajectoire de baisse d’ici la fin de la période corrective en 2013”.

Le gouvernement espagnol a dévoilé le mois dernier un nouveau plan d’austérité pour accélérer la réduction des déficits publics.

Cette réduction supplémentaire des dépenses, de 15 milliards d’euros, s’ajoute à un premier plan en janvier prévoyant 50 milliards d’euros d’économies pour limiter le déficit à 3% du PIB en 2013.

L’Espagne s’est engagée à faire passer le déficit de 11,2% du PIB en 2009 à 9,3% du PIB en 2010 puis à 6% en 2011.

Bruxelles demande aussi des réformes structurelles supplémentaires, alors que celles déjà initiées provoquent la grogne sociale: la première grève générale depuis 2002 en Espagne a été annoncée mardi pour le 29 septembre afin de protester contre un projet de réforme du marché du travail du gouvernement.

Ces demandes interviennent alors que l’Espagne est à nouveau visée par les marchés. La presse allemande affirme qu’un plan est en préparation pour venir en aide à Madrid, ce que démentent les responsables européens. Et les banques espagnoles éprouvent les pires difficultés à trouver de l’argent frais sur les marchés.

Concernant le Portugal, la Commission souligne dans son rapport que “des efforts supplémentaires de correction (des déficits) devraient être inclus dans le projet de budget pour 2011, afin d’atteindre les objectifs annuels en matière de déficits”.

Face au risque d’une contagion de la crise grecque et à l’explosion des taux d’intérêt de la dette publique, le gouvernement portugais a accru ses efforts, promettant de ramener son déficit de 9,4% du PIB en 2009 à 4,6% dès 2011.