La conclusion du séminaire par l’Institut français des relations internationales ‘’IFRI’’ sur le thème «Le Maghreb dans l’économie mondiale : défis et opportunités» est peu flatteuse pour notre région en matière d’investissements directs étrangers : «La diversification des investissements directs étrangers encore balbutiante au Maghreb». Et à en croire nombred’intervenants au séminaire de l’IFRI, la capacité des pays du Maghreb à attirer et absorber les investissements étrangers serait tributaire d’un engagement des réformes structurelles dans les différents pays du Maghreb.
Cette analyse, relayée par le portail www.econostrum.info, montre le chemin à faire en matière d’investissements directs étrangers.
Pour commencer, les participants à cette rencontre –dont des professeurs d’université- ont balayé d’un revers de la main certaines idées reçues. Selon notre source, «la soif des pays du Maghreb pour les investissements directs étrangers (IDE), présentés souvent comme un objectif principal à atteindre et une solution pour la création d’emplois n’est pas prêt d’être étanchée» D’ailleurs, Mouhoud El-Mouhoub, professeur d’économie à l’Université Paris-Dauphine, ne va pas par quatre chemins : «Les IDE restent faibles et volatiles et leurs effets à long terme limités». Le professeur va jusqu’à dire que –et c’est encore plus étonnant- «l’Industrie textile, les centres d’appels et même les hydrocarbures ne sont pas des secteurs suffisamment solides en terme d’investissements durables».
Et c’est l’industrie des services qui a les faveurs de notre analyste, puisque selon lui «la question essentielle, c’est comment attirer les IDE dans les services». Dans ce cas, M. El Mouhoud pense qu’“une évolution dans ce sens ne peut être attendue que de l’Europe, partenaire dominant de la rive Sud de la Méditerranée, probablement pour longtemps encore“. Et pour preuve : certes, on assiste depuis quelques années «hausse spectaculaire» des investissements de la Chine, de l’Inde et des pays du Golfe au Maghreb, mais ceux-ci «restent marginaux par rapport à ceux de l’UE et des Etats-Unis». Ils ne représenteraient que «pour 10% des 8,5 milliards d’euros d’IDE vers le Maghreb en 2009».
D’ailleurs, d’après Françoise Nicolas, directrice du Centre Asie à l’IFRI, «seulement 3,8% des IDE chinois dans le monde se font en Afrique, pour un montant de 4,5 milliards de dollars dont 8,8% pour l’Algérie, 2,9% pour l’Egypte et 0,7% seulement vers le Maroc. Quant aux IDE indiens, là aussi, seulement 12% se font en Afrique (3,4 milliards de dollars). Quelque 1% de cette proportion se fait au profit du Maroc, après la Libye (3%)». Faut-il comprendre par-là que la Tunisie, pour l’heure, n’attire qu’une partie négligeable des investissements chinois et indiens dans la région.
Mais cela n’est pas très étonnant, du reste, puisque ce n’est un secret pour personne que les Chinois sont naturellement plus intéressés par les hydrocarbures –et à une moindre par les infrastructures- que par les autres domaines, ce qui donc expliquerait que l’Algérie et la Libye captent une bonne partie des investissements chinois.
Quant à l’Inde, elle privilégie trois secteurs, à savoir la pharmacie, la cosmétique et les logiciels, or la Tunisie est à un stade très avancé dans deux de ces secteurs, la pharmacie et le cosmétique…
Enfin, concernant les pays du Golfe, pas besoin de rappeler que «leurs IDE sont déjà en retrait depuis 2009 et les annonces de montants substantiels n’ont pas nécessairement été suivies de réalisations», souligne econostrum.info.