Marée noire : le très discret président de BP doit s’exposer à son tour

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ésident de BP, le 25 juin 2009 à Londres (Photo : Shaun Curry)

[16/06/2010 09:53:26] LONDRES (AFP) Carl-Henric Svanberg, le président de BP, considéré comme très, voire trop, discret depuis le déclenchement de la marée noire dans le golfe du Mexique, est désormais contraint de s’exposer, convoqué coup sur coup à Downing Street et à une réunion avec le président Obama.

M. Svanberg a eu vendredi le Premier ministre britannique David Cameron au téléphone et il a été reçu par le ministre des Finances George Osborne à Downing Street. La veille, il avait été convoqué par les autorités américaines pour une réunion qui se tiendra ce mercredi aux Etats-Unis en présence du président Barack Obama.

Le dirigeant suédois, 58 ans, ne s’attendait certainement pas à une telle exposition lorsqu’il a été nommé à la tête de BP il y a un an. Après avoir travaillé seize ans dans le domaine des verrous de sécurité, il était devenu le dirigeant très respecté du groupe de téléphonie Ericsson où il était arrivé en 2003, le transformant en géant mondial du secteur.

Celui qui a été surnommé “le Richard Branson suédois” (le président du groupe Virgin, ndlr), adepte du hockey sur glace, avait été appelé par BP lorsque le groupe n’avait pas réussi à débaucher un dirigeant moins éloigné a priori du domaine des matières premières: Paul Skinner, l’ancien président de la minière anglo-australienne Rio Tinto, obligé de rester en poste plus longtemps que prévu.

La nomination de M. Svanberg, en remplacement du flamboyant Peter Sutherland, avait été bien accueillie par les analystes, le cabinet Oddo le qualifiant de “charismatique” et Manoj Ladwa d’ETX Capital, mû par une prémonition, notant que c’était une bonne chose pour BP de “l’avoir à la barre, alors que le groupe navigue dans des eaux très orageuses”.

Son manque de connaissance du secteur pétrolier n’inquiétait pas vraiment à l’époque et, ironie de l’histoire, l’on soulignait alors que son expérience environnementale serait précieuse, puisqu’il était membre de l’Earth Institute (institut de la Terre) de l’université new yorkaise de Columbia.

A Ericsson, il avait d’ailleurs mis en place une culture de grand intérêt pour les questions environnementales. En décembre encore, il avait déclaré au Times qu’il était vital pour les entreprises de jouer un rôle dans la protection de l’environnement: “En tant que citoyennes du monde, je ne pense pas que (les entreprises) puissent rester là sans rien faire”, avait-il dit.

Mais depuis la catastrophe qui a commencé le 20 avril, M. Svanberg s’est surtout fait remarquer par sa discrétion, ou bien par des voyages à Stockholm sans rapport avec BP, au point même qu’un chroniqueur suédois du Svenska Dagbladet, Andreas Cervenka, n’a pas hésité à l’accuser “d’adopter la politique de l’autruche”. Il a aussi irrité en déclarant lors d’une conférence qu’il s’était attendu à “quelque chose de plus tranquille” à BP.

Au cours des dernières semaines, il a un peu rompu avec cette discrétion, expliquant qu’elle était destinée à “éviter les malentendus et à parler d’une même voix” que le directeur général Tony Hayward, seul en première ligne.

Il a aussi donné une interview au Financial Times et participé à une conférence d’investisseurs où il a fait part de sa confiance en M. Hayward.

Désormais, la tourmente autour de l’affaire qui déborde le cadre de la pollution, l’oblige à être à son tour sur le front.

Il a promis vendredi que BP ferait “tout ce qui est attendu pour nettoyer le rivage, traiter les plaintes et tirer les conséquences” de la catastrophe.