été Global Equities le 28 avril 2010 à Paris (Photo : Charly Triballeau) |
[16/06/2010 14:14:28] PARIS (AFP) En annonçant le passage de l’âge légal de la retraite à 62 ans, le gouvernement français donne des gages de bonne volonté à des marchés exigeants en matière budgétaire, mais il va devoir prouver que cette réforme va contribuer à réduire drastiquement le déficit français.
Cette mesure très attendue n’a pas entraîné de réaction vive sur les marchés, mais elle semblait avoir été anticipée depuis plusieurs jours et avoir participé au regain de confiance des investisseurs.
La différence entre les taux d’intérêt que doivent souscrire l’Allemagne et la France pour emprunter sur le marché obligataire avait commencé à se réduire en fin de semaine dernière.
Quelques jours auparavant, cet écart –très suivi par les investisseurs– avait atteint son niveau le plus haut depuis début 2009, signe d’une baisse de confiance des marchés dans la solvabilité de la France, comparé à l’Allemagne.
“Les annonces sur les retraites n’ont pas d’effet immédiat sur les marchés mais cela renforce la crédibilité” de la France et lève “les incertitudes sur les propositions pour résoudre la crise dans le système français”, souligne Jean-Paul Betbèze, chef économiste au Crédit Agricole SA.
La France était régulièrement épinglée pour ne pas avoir mis en place un système de réduction des déficits, contrairement à ses voisins européens.
La Commission européenne avait d’ailleurs reproché mardi à la France que ses prévisions de croissance pour la période 2011-2013 étaient “très optimistes”, l’invitant à fournir davantage d’efforts.
Christine Lagarde au Luxembourg le 8 juin 2010. (Photo : Georges Gobet) |
“Que la France s’attelle au problème des retraites est effectivement une bonne nouvelle qui devrait permettre de réduire les tensions constatées ces derniers jours. Mais cela ne va pas miraculeusement réduire le déficit public à 3%”, estime René Defossez, stratégiste obligataire chez Natixis.
Le gouvernement s’est en effet engagé auprès de Bruxelles à ramener son déficit, qui devrait être de 8% du produit intérieur brut (PIB) cette année, à 3% en 2013, la limite maximale autorisée par le Pacte de stabilité européen.
Grâce à la réforme des retraites, le déficit public devrait déjà être réduit de 0,5 point en 2013, a-t-on appris mercredi de Bercy.
Pour Frédérique Cerisier, économiste France et finances publiques chez BNP Paribas, ces annonces devraient être bien accueillies car elles vont avoir des retombées favorables sur les déficits français à court terme.
“Avec la réforme des retraites et les mesures d’augmentation des recettes, l’amélioration à court terme (des réduction des déficits) est plus importante qu’espéré et devrait être de plus de 5 milliards d’euros dès 2011”, affirme l’économiste.
Si ces mesures favorisent la baisse de la prime de risque française sur les marchés, elles satisfont surtout les représentants de la classe politique.
Dans l’entourage de Christine Lagarde, on estime que cette réforme est “un élément pris en compte par les agences de notation” et que son impact ne peut être que positif. Notée triple A, soit la meilleure note possible, la France ne peut pourtant craindre qu’une dégradation de sa note.
Interrogée par l’AFP, l’agence Standard & Poor’s a simplement rappelé que la note de la France était assortie d’une perspective stable, ce qui n’indique pas de changement à court terme.