L’Espagne réforme son marché du travail sur fond d’inquiétudes grandissantes

photo_1276703587317-1-1.jpg
à Madrid.

[16/06/2010 16:03:27] MADRID (AFP) Le gouvernement espagnol a approuvé mercredi une réforme du marché du travail, jugée essentielle pour redynamiser l’emploi, alors que les inquiétudes internationales se font grandissantes sur la solidité financière du pays et ses capacités de redressement.

Cette réforme approuvée en Conseil des ministres vise à “dynamiser le marché du travail et l’emploi” à l’heure où le chômage espagnol est à un niveau record, avec un taux de plus de 20%, selon le ministre du Travail Celestino Corbacho.

Le texte, qui entrera en vigueur dès jeudi, va généraliser un type de CDI (contrat à durée indéterminée) donnant droit à moins d’indemnités de licenciement, limiter le recours aux contrats temporaires et introduire plus de flexibilité horaire dans les entreprises.

Opposés à cette réforme, les deux grands syndicats espagnols CCOO et UGT ont annoncé mardi une grève générale pour le 29 septembre, inédite en Espagne depuis l’avènement au pouvoir du socialiste José Luis Rodriguez Zapatero (2004).

Pressé par le Fonds monétaire international (FMI), Bruxelles et les marchés, M. Zapatero a décidé d’ignorer le mécontentement syndical et d’approuver cette réforme clé, juste avant un sommet européen à Bruxelles qui sera le dernier de la présidence tournante espagnole.

“L’Espagne fait ses devoirs”, a assuré mercredi la ministre de l’Economie Elena Salgado en référence aux réformes structurelles réclamées, notamment par le FMI, et à la cure d’austérité engagée pour réduire les déficits publics.

Mais les efforts de l’exécutif socialiste ne parviennent pas à calmer les doutes des marchés alors que Bruxelles vient de demander à l’Espagne de “préciser” les mesures d’économies prévues pour réduire son déficit après 2010.

Alors que le sommet des chefs d’Etat et de gouvernement des 27, jeudi à Bruxelles, devrait être dominé, au moins en coulisses, par la situation espagnole, M. Zapatero a réaffirmé mercredi que l’Espagne était “un pays solvable, solide, fort et avec du crédit à l’international”.

photo_1276703916109-1-1.jpg
énéral du FMI, Dominique Strauss-Kahn, participe le 16 juin 2010 à un colloque à Paris (Photo : Eric Piermont)

Le directeur général du FMI, Dominique Strauss-Kahn, a confirmé mercredi qu’il se rendrait à Madrid vendredi pour “visite de travail”.

D’après le quotidien économique elEconomista, “certains analystes” font le lien entre cette rencontre et la préparation d’un “possible plan” d’aide financière internationale à l’Espagne.

Selon elEconomista, un plan d’aide à l’Espagne pour éviter une crise de “liquidités” avec une ligne de crédit de 200 à 250 milliards d’euros est en cours “d’élaboration” par “des techniciens de l’UE, du FMI et du Trésor américain”.

Madrid a démenti “catégoriquement” l’information, tout comme la Commission européenne qui avait déjà démenti des informations similaires publiées vendredi et lundi par la presse allemande.

M. Strauss-Kahn a tenu de son côté à minimiser les problèmes financiers de l’Espagne lors d’un colloque à Paris: “On dit aussi en exagérant beaucoup que c’est un pays qui a de grandes difficultés et pourtant la dette publique fait 53%” du PIB, “ce qui est relativement modeste”.

Les observateurs s’inquiètent toutefois d’une possible crise de liquidités du système bancaire espagnol malgré l’effort bien engagé d’assainissement de son fragile réseau de caisses d’épargne, mis à mal par l’éclatement de la bulle immobilière en 2008.

Et, selon l’hebdomadaire allemand Die Zeit qui ne cite pas ses sources, “le président de la BCE Jean-Claude Trichet souhaite un engagement ferme des gouvernements pour mettre à la disposition de l’Espagne le plan d’aide à la zone euro, afin de soutenir le pays si nécessaire”.