ésident du Conseil européen Herman Van Rompuy (g) discute avec le Premier ministre grec George Papandreou (c) et le Premier ministre néerlandais Jan Peter Balkenende à Bruxelles le 17 juin 2010 (Photo : Eric Feferberg) |
[17/06/2010 11:16:45] BRUXELLES (AFP) Moins d’un an après avoir déposé sa demande, l’Islande s’apprête à obtenir jeudi le feu vert à l’ouverture de négociations pour son entrée dans l’Union européenne, malgré une baisse d’enthousiasme de son opinion face à cette perspective.
Réunis en sommet à Bruxelles, les dirigeants européens prévoient d’octroyer le statut de “pays candidat” à l’Islande.
La Commission l’avait déjà recommandé fin février. Bruxelles estime que l’Islande est déjà à un stade suffisamment avancé de préparation, dans les domaines politique, économique et législatif.
De fait, l’Islande participe au Marché commun depuis plus de quinze ans par le biais de l’Espace économique européen. Membre également de l’espace Schengen sans passeport, l’île applique près des trois quarts des lois européennes nécessaires pour une adhésion, ce qui devrait accélérer le processus par rapport à d’autres pays candidats.
L’Islande avait déposé en juillet 2009 sa demande de candidature à l’UE dans l’espoir de stabiliser son économie malmenée par la crise de 2008, et surtout d’adhérer à la zone euro.
Mais les discussions préalables à l’ouverture des négociations ont été ralenties par un conflit avec les Pays-Bas et le Royaume-Uni au sujet de l’indemnisation de leurs ressortissants victimes de la faillite de la banque islandaise en ligne Icesave.
Londres et La Haye avaient avancé les sommes et souhaitent désormais être remboursées. Mais en mars, 94% d’électeurs Islandais ont rejeté massivement par référendum une loi d’indemnisation.
L’autorité de surveillance de l’Association européenne de libre échange (AELE) a depuis lancé une procédure en infraction contre Reykjavik à propos d’Icesave. Et l’Islande a demandé l’aide du FMI pour rembourser les Britanniques et les Néerlandais.
A Bruxelles jeudi, le Premier ministre néerlandais Jan-Peter Balkenende a promis de ne pas bloquer l’ouverture des négociations avec l’Islande. “Mais avant qu’elle ne devienne membre, il faudra qu’elle réponde à ses obligations à l’égard du Royaume-Uni et des Pays-Bas”, a-t-il souligné.
Selon un document obtenu par l’AFP, les dirigeants européens mentionnent dans leur projet de décision le fait que l’Islande devra remplir les obligations “identifiées par l’autorité de surveillance de l’AELE”.
Les pourparlers promettent d’être particulièrement ardus sur la question de l’accès des pêcheurs européens aux zones exclusives de pêche islandaises riches en cabillaud, auxquelles l’île tient jalousement.
“Ce sera clairement la question numéro un des négociations”, reconnaît un diplomate à Bruxelles, relevant que le poisson représente 40% des exportations islandaises.
Les négociations se concentreront aussi sur l’agriculture –l’Islande souhaitant que soient prises en compte les “spécificités” de son climat peu favorable– et sur l’environnement. Européens et Islandais ont des positions difficilement conciliables sur la chasse à la baleine.
Les Islandais aimeraient faire reconnaître le caractère traditionnel de leur pratique, alors que l’UE rejette la chasse des cétacés, qu’elle soit commerciale ou à des fins scientifiques.
Reykjavik a dit dans le passé espérer rejoindre l’UE à l’horizon 2012. Reste que les quelque 300.000 Islandais qui seront consultés par référendum au terme des négociations, pourraient bien ne plus en avoir envie, alors qu’ils considéraient l’UE il y a quelques mois encore comme une possible bouée de sauvetage économique.
Selon un sondage réalisé les 8-10 juin, 57,6% des Islandais sont même favorables à un retrait de leur candidature à l’UE.