ésidente de l’organisation patronale, Laurence Parisot, le 17 juin 2010 à Paris (Photo : Eric Piermont) |
[17/06/2010 14:58:43] PARIS (AFP) La “retraite pour pénibilité” proposée par le gouvernement mérite encore “réflexion”, y compris “à l’intérieur du Medef”, a indiqué jeudi la présidente de l’organisation patronale, Laurence Parisot, à l’issue d’une entrevue d’une heure avec le ministre du Travail, Eric Woerth.
“Nous avons tous besoin de discuter encore de différents aspects du financement. C’est assez complexe comme réforme (…) Nous mêmes, nous avons des échanges à avoir entre experts à l’intérieur du Medef et avec les branches professionnelles qui sont les premières concernées”, a-t-elle déclaré.
Le dispositif proposé de “retraite pour pénibilité” ouvrirait le droit de partir à 60 ans (et non 62 ans comme le gouvernement le prévoit à compter de 2018) aux salariés souffrant d’un taux d’incapacité d’au moins 20%.
Le coût – “quelques centaines de millions d’euros dans un premier temps”, selon M. Woerth – serait supporté par la branche “accidents du travail et maladies professionnelles” (AT-MP) de la caisse d’assurance-maladie, alimentée par une cotisation des entreprises (qui augmente avec le nombre d’accidents déclarés).
L’un des enjeux de la réforme et discussions à venir est de savoir si les entreprises devront augmenter leur cotisation à la caisse AT-MP, plutôt déficitaire, et si oui, lesquelles.
Le projet du ministre est pour l’instant muet sur ce point.
La pénibilité (contraintes physiques marquées, environnement physique agressif, certaines rythmes de travail) est plus forte dans certaines branches professionnelles, bâtiment et travaux publics, agroalimentaire et santé.
Autre problème, selon Mme Parisot, “seule la caisse AT-MP financerait le dispositif alors qu’il donne droit à un bonus en terme de retraite”, autrement dit seuls les employeurs payeraient pour les salariés.
“On a encore besoin de retravailler sur le sujet”, a-t-elle ajouté.
La prise en compte de la pénibilité du travail dans l’âge et le calcul des retraites alimente la controverse patronat-syndicats depuis plus de sept ans.
Yves Struillou, conseiller d’Etat, auteur d’un rapport en 2003 sur le sujet, avait suggéré, pour sortir de l’impasse, un système de ristourne et de majoration de cotisation encourageant les entreprise vertueuses améliorant les conditions de travail et évitant l’usure prématurée de leurs salariés.
Interrogée mardi sur un tel modèle, Mme Parisot a déclaré lors de son point presse mensuel qu’elle ne voyait “pas très bien comment mettre cela en place dans une logique de solidarité interprofessionnelle”.