Intitulée «Grandes tendances d’évolution des valeurs, modes de vie et consommation des ménages en Tunisie», cette enquête, réalisée par SIGMA Conseil, que dirige par M. Hassen Zargouni, montre des changements profonds dans la société tunisienne. De ce point de vue, et même s’il s’agit d’une enquête et donc une part de subjectivité (versus objectivité), ses résultats devraient être scrutés par les décideurs –à la fois politiques et économiques. Mais …
L’étude montre que les moyens de communication, notamment la télévision, la téléphonie mobile et l’Internet, ont considérablement modifié voire bousculé nos habitudes, qu’elles soient alimentaires ou comportementales.
Cependant, on est étonné de savoir que, d’une manière générale, les valeurs ‘famille’ et ‘religion’ sont très présentes chez le Tunisien, qu’il soit femme au foyer, femme active, jeune, l’adulte actif… Car, il suffit d’observer la société pour se rendre compte que ces deux items n’ont plus la valeur qu’ils avaient il y a 20-30 ans en arrière. Ce qui se confirme par la première conclusion à laquelle est parvenue cette enquête, à savoir le Tunisien est confronté à un «problème identitaire et d’appartenance culturelle (Arabe, berbère, Maghreb, Machrek, Europe, Afrique, Islam,…)». Puisque, qui dit problème d’identité et d’appartenance culturelle, dit forcément perte de repères sociétaux.
A titre d’exemple dans les années 60-70, était-il pensable de voir des frères et des sœurs se déchirer pour le partage d’un legs familial ? Mais aujourd’hui, force est de constater que le matériel -au sens ‘’possession’’- a remplacé le symbole. On n’hésite plus à traîner son frère, sa sœur, sa femme, son mari devant la justice… Que dire de nos habitudes vestimentaires ? Où est dans tout ça la valeur «famille» ou celle de l’Islam ? Donc, sur ce point, nous restons dubitatifs face aux réponses données par les enquêtés.
Voilà pourquoi nous avons souligné plus haut, du reste à dessein, la part de subjectivité que peut contenir tout travail de ce genre. Mais à part cela, elle met en évidence les changements des mœurs des Tunisiens, changements dus sans doute à la multiplication des médias, en termes de diversité et de nombre.