Sarkozy veut élargir la part des entreprises françaises dans le gâteau russe

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ésident français Nicolas Sarkozy et le Premier ministre Vladimir Poutine à l’Elysée le 11 juin 2010. (Photo : Eric Feferberg)

[19/06/2010 06:43:52] PARIS (AFP) Une semaine après la visite à forte coloration économique de Vladimir Poutine en France, Nicolas Sarkozy se rend samedi à Saint-Petersbourg avec l’ambition de convertir sa bonne entente politique avec Moscou en parts de marchés pour les grandes entreprises tricolores.

La participation du président français à la 14e édition du Forum économique international organisé dans l’ancienne capitale impériale russe, en présence de son homologue russe Dmitri Medvedev et de l’essentiel des patrons du CAC 40, doit servir de décor à la signature formelle d’une vingtaine de contrats ou d’accords commerciaux entre les deux pays.

La plupart de ces partenariats étaient déjà dans les tuyaux depuis longtemps, mais ils concrétisent la volonté française de se tailler une part de choix sur le juteux marché russe.

“La France s’engage à fond dans la modernisation économique de la Russie, c’est une dimension supplémentaire du partenariat qui s’est développé ces dernières années dans le domaine politique”, explique-t-on dans l’entourage de Nicolas Sarkozy, “l’objectif de tout ça, c’est d’aider à la transformation de la Russie et ainsi à son arrimage en Europe”.

Dans le secteur de l’énergie, GDF-Suez doit ainsi parapher sa participation au gazoduc North Stream avec le Russe Gazprom et deux entreprises allemandes, et son concurrent EDF son entrée dans l’autre grand projet de gazoduc russe à destination de l’Europe, baptisé South Stream.

Comme annoncé lors de la visite du président Medvedev en France début mars, Alstom va s’allier avec le constructeur de trains russe Transmashholding (TMH) pour fournir 200 locomotives aux chemins de fer russes et autant aux chemins de fer kazakhs, pour un montant estimé par l’Elysée à un milliard d’euros.

D’autres contrats sont espérés dans l’agroalimentaire ou l’espace, dont l’achat par Arianespace de dix fusées Soyouz à lancer depuis Kourou (Guyane).

En revanche, aucune décision n’est attendue à Saint-Petersbourg sur les négociations engagées pour la fourniture controversée à la Russie de quatre porte-hélicoptères français de type Mistral.

D’ores et déjà, Paris se réjouit d’avoir renforcé sa position commerciale en Russie. “On a fait un bond en avant considérable”, applaudit-on à l’Elysée, “il y a quelques années nous étions le 9e partenaire, nous sommes aujourd’hui son 5e fournisseur, devant les Etats-Unis et l’Italie”.

“Il y a un progrès incontestable”, confirme Thomas Gomart, de l’Institut français des relations internationales (Ifri). “Depuis 2007, des réseaux, des habitudes de travail se sont mis en place entre Paris et Moscou, qui commencent à porter leurs fruits”, ajoute ce chercheur.

Forts de ces progrès, la France entend désormais pousser son avantage en développant de “véritables partenariats” avec la Russie, et en y élargissant son champ d’activités traditionnel dans les secteurs de l’énergie, des transports ou les infrastructures à la finance ou les technologies “vertes”.

“Nous voulons être des partenaires économiques de premier rang (mais) il y aura beaucoup de compétition”, prédit-on à l’Elysée.

Notamment avec l’Allemagne, acteur économique privilégié de Moscou. “La solidité du couple franco-allemand pourrait être éprouvée si la Russie devenait un élément irritant entre les deux pays”, juge même Thomas Gomart.

Comme en écho à ces préoccupations, l’industriel allemand Siemens a annoncé jeudi son intention de s’inviter dans le consortium qui exploitera à partir de 2016 le gisement gazier géant de Chtokman, dont le français Total détient déjà un quart du capital.