Bombardier veut passer par la Chine pour s’imposer dans les TGV

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ée chinoise attend le départ d’un train rapide à Shenyang, en 2007. (Photo : Str)

[19/06/2010 11:46:08] BERLIN (AFP) Avec son nouveau TGV Zefiro qu’il a vendu en Chine, le groupe canadien Bombardier, numéro un mondial de la construction ferroviaire, veut s’imposer sur le marché de la grande vitesse, sur lequel il était resté relativement discret jusqu’à présent.

A sa mise en service en 2012, ce train baptisé Zefiro 380 devrait être le plus rapide du monde: il est conçu pour circuler à 380 km/h en vitesse commerciale.

A titre de comparaison, le TGV Est atteint 320 km/h, le train chinois le plus rapide 350 km/h et le nouveau modèle d’Alstom, l’AGV, doit rouler à 360 km/h.

“Le 380 km/h, c’est pour l’image”, reconnaît Stéphane Rambaud-Measson, le président de la division passagers de Bombardier Transport, qui présentait le projet cette semaine à Berlin. En effet, les lignes chinoises n’ont pour le moment pas été prévues pour une telle vitesse.

Quoi qu’il en soit, Bombardier a vendu en septembre 80 exemplaires de son dernier modèle au ministère chinois des Chemins de fer.

Le contrat atteint 2,7 milliards d’euros, dont la moitié reviendra directement au groupe canadien (le reste revenant au partenaire local Sifang Locomotive and Rolling Stock, filiale du géant chinois CSR): conçu aux portes de Berlin, où est basée la division Transport de Bombardier, le train sera construit en Chine.

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écembre 2009. (Photo : Str)

Bombardier ne compte pas s’arrêter là. “On pense bien qu’on ne va pas rester avec nos 1.020 wagons et fermer l’usine”, sourit M. Rambaud-Measson, rappelant que les Chinois ont un très ambitieux programme de construction de lignes à grande vitesse.

Un premier contrat d’un milliard d’euros avait porté en 2007 sur la livraison de 40 trains de nuit à assez grande vitesse (250 km/h), inspirés d’un modèle suédois. Les premiers Zefiro 250 ont commencé à rouler sur les voies ferrées chinoises il y a quelques mois.

S’il a participé directement à la conception de la plupart des trains à grande vitesse de ses concurrents (à hauteur de 18% dans le TGV d’Alstom ou de 48% dans le dernier ICE de Siemens, par exemple), le numéro un du secteur n’avait pas ses propres modèles.

C’est maintenant chose faite. “Pour la grande vitesse, on a un produit qui s’appelle Zefiro et qu’on décline”, résume Stéphane Rambaud-Measson.

Pour l’appellation, Bombardier a choisi le nom italien du dieu du vent d’Ouest, prononçable à peu près partout.

Une troisième version ira d’ailleurs peut-être en Italie, puisque le groupe a proposé son V300Zefiro, conçu pour rouler entre 300 et 360 km/h, au dernier appel d’offres de la compagnie publique Trenitalia. Il fait face à Alstom, qui a conçu un nouveau modèle pour l’occasion.

Ce créneau du 300 à 360 km/h, “c’est le coeur du marché”, précise Jacques Blain, le directeur commercial de Bombardier Transport en France.

Le groupe a recensé un certain nombre d’appels d’offres qui devraient être lancés prochainement, de la France à la Californie en passant par le Brésil. A en croire le directeur des projets stratégiques Christoph Klaes, il ne s’est pas donné d’objectifs chiffrés.

Bombardier compte-t-il s’appuyer sur sa base de production chinoise, qui devrait lui permettre de proposer des trains moins chers ?

Pas sûr, répond le patron de la division passagers, Stéphane Rambaud-Measson: “Très honnêtement, ça ne fait pas partie de nos projets. Bien sûr, rien ne nous interdit de le faire ! Mais pour des projets comme la grande vitesse, on va toujours essayer de produire près du marché.”