à l’eau, sur le lac d’Iseo, en Italie du nord, le 15 juin 2010 (Photo : Damien Meyer) |
[19/06/2010 14:01:45] SARNICO (Italie) (AFP) Le portique du chantier naval Riva s’ouvre sur le lac d’Iseo (nord). Une grue dépose délicatement dans l’eau un bateau de treize mètres mêlant technologie dernier cri et finitions en acajou verni, signature inoubliable de la légendaire marque italienne.
Il va être testé une dernière fois avant la visite d’un client potentiel.
“Tradition et innovation, c’est ça notre moteur”, souligne Paola Procopio, responsable de Riva au sein du groupe italien Ferretti. Le constructeur de yachts a racheté la marque en 2000 après qu’elle soit passée entre les mains de nombreux fonds étrangers depuis sa vente par la famille Riva en 1969.
Comme de nombreuses icônes du “Made in Italy”, Riva est à l’origine une aventure familiale qui commence en 1842 avec Pietro Riva à Sarnico.
Venu sur le lac d’Iseo pour réparer des embarcations abîmées par une tempête, Pietro, originaire du lac de Côme à une centaine de kilomètres, décide de s’y installer et de se lancer dans la construction navale.
Mais c’est sous la direction de son arrière petit-fils Carlo Riva dans les années 1950 et 1960 que la marque “devient une icône du luxe” avec ses bateaux à moteur, en acajou verni, aux airs d’automobile que l’on croise encore souvent sur les canaux de Venise, raconte Paola Procopio.
ège du constructeur, à Sarnico, au bord du lac d’Iseo, en Italie du nord (Photo : Damien Meyer) |
“Toutes les célébrités du moment voulaient un Riva: de Brigitte Bardot avec son Florida, le Roi Hussein de Jordanie et son Aquarama, à Elizabeth Taylor et Richard Burton avec leur Tritone”.
Un luxe incompatible avec le moindre défaut. “Carlo Riva venait contrôler la qualité des embarcations et si quelque chose n’était pas comme il le voulait, il prenait une hache et détruisait le bateau”, assure Mme Procopio.
Depuis, Riva a succombé à la modernité et les bateaux, bijoux de technologie, ont désormais des coques en résine et fibre de verre, le dernier bateau entièrement en bois ayant été produit en 1996.
Ferretti a par ailleurs élargi la gamme, qui va de 10 mètres à 35 mètres, pour un prix allant de 500.000 à 12 millions d’euros.
Mais clin d’oeil à la tradition, les finitions des plus “petits” Riva – l’Aquariva, héritier du mythique Aquarama, qui fait 10 mètres et le Rivarama de 13 mètres – sont toujours en acajou. Un bois sur lequel sont appliquées pas moins de vingt couches de vernis à la main.
Un travail méticuleux dont Fabrizio Sonzogni est très fier. “J’ai toujours aimé le travail du bois et j’ai toujours été fasciné par le nom Riva. C’est un métier qui m’amène de grandes émotions”, explique cet ancien restaurateur de mobilier religieux.
La production est restée très limitée – de 60 à 80 bateaux par an – et les clients peuvent personnaliser à souhait leur embarcation, comme ce riche Scandinave qui tenait absolument à ce que son Riva soit du même bleu métallisé que sa Bentley.
Comme tout le secteur du luxe, Riva n’a pas été épargné par la crise et a dû mettre ses quelque 200 ouvriers au chômage partiel, indique Mme Procopio, sans vouloir donner de précisions chiffrées. Mais “nous avons été avantagés par le fait que Riva soit une icône. Quand les gens veulent un Riva, ils veulent exclusivement ce bateau”, affirme-t-elle.
Le marché est depuis reparti et “les commandes ont doublé par rapport à l’année dernière”. “Il y aura encore des années pas très faciles mais nous sortirons la tête haute et le futur sera rose”, estime Mme Procopio.
Riva, dont les marchés de référence sont les jet-sets d’Italie, France et Monaco pour 40% de ses ventes, mise aussi sur les pays émergents, Moyen Orient (Emirats) et Amérique latine en tête.