à la palette” (1878) d’Edouard Manet, le 11 juin 2010 à Londres. (Photo : Ben Stansall) |
[20/06/2010 18:42:01] LONDRES (AFP) Un auto-portrait de Manet, des “Nymphéas” de Monet et un Picasso de la période bleue, les traditionnelles enchères d’art impressionniste et moderne de juin à Londres offrent un menu exceptionnel des plus alléchants pour des investisseurs en mal de placements sûrs.
“La confiance est revenue. Lorsque la récession battait son plein, les gens pensaient qu’il n’était pas avisé de vendre leurs tableaux parce que le marché était mou car l’argent manquait, mais ils ont réalisé que c’est l’inverse qui se produisait”, a relevé Johnny van Haeften, marchand d’art à Londres.
“Les Bourses sont volatiles, les marchés des changes sont extrêmement volatiles et les banques offrent de très faibles taux d’intérêt, pour peu qu’elles restent solvables”, a-t-il souligné à l’AFP.
Selon lui, aux trois motivations traditionnelles de mise en vente d’un chef-d’oeuvre –décès, divorce, dettes, connus comme les trois “d”– s’ajoute désormais une quatrième, l’appât du gain généré par l’envol des prix et les records récemment battus.
Un Picasso, “Nu au plateau du sculpteur” (1932), a battu en mai le record mondial pour une vente aux enchères en réalisant 106,4 millions de dollars, détrônant une sculpture d’Alberto Giacometti “L’Homme qui marche I” qui l’avait décroché en février. Le précédent record datait de 2004.
“Les oeuvres d’art ont démontré qu’elles étaient des investissements solides, depuis des siècles”, a relevé M. van Haeften, s’attendant à un cru “exceptionnel” pour les enchères de Londres fin juin.
La maison d’enchères Sotheby’s a annoncé “la plus importante saison de ventes jamais réalisée à Londres” avec quelque 500 millions de livres (605 millions d’euros) d’oeuvres d’art offertes lors des séances organisées la dernière semaine de juin chez Sotheby’s, Christie’s ou encore Bonhams.
L'”Autoportrait à la palette” (1878) d’Edouard Manet, qui n’a réalisé que deux tableaux de lui-même, fait partie des fleurons du cru 2010. Il appartient actuellement au gestionnaire de fonds spéculatifs, le milliardaire Steven A. Cohen, et sera vendu par Sotheby’s le 22 juin. Il est estimé entre 20 et 30 millions de livres, dans une vente qui devrait rapporter 200 millions de livres.
Au programme également “Odalisques jouant aux dames” (1928) de Henri Matisse, estimé entre 10 et 15 millions de livres, ou encore “Arbres à Collioure” d’André Derain, estimé entre 9 et 14 millions de livres.
Sa rivale, la maison Christie’s, va proposer les 23 et 24 juin un catalogue de 63 oeuvres dont la valeur totale devrait atteindre entre 160 et 230 millions de livres (193 à 278 millions d’euros).
Deux chefs-d’oeuvre se disputent la tête d’affiche: un “Nymphéas” de Claude Monet qui est le plus grand de la série peinte en 1906, et “Portrait d’Angel Fernandez de Soto” –également connu comme “Le buveur d’absinthe”– (1903) de Pablo Picasso. Tous deux sont estimés entre 30 et 40 millions de livres.
Christie’s va également offrir “Frauenbildnis (Portrait of Ria Munk III)”, l’un des derniers grands portraits féminins de Gustav Klimt, peint en 1917-18. Il devrait atteindre entre 14 et 18 millions de livres.
Moins flamboyant que ses deux aînées, le catalogue de la maison Bonhams contient un Chagall rarement présenté au public, intitulé “La Révolution” qui s’inspire de la guerre de Russie en 1917 et de la guerre d’Espagne en 1936/37. De récentes recherches ont établi qu’il avait été peint en 1968, et non en 1937 comme initialement cru. Le tableau est estimé entre 1,2 et 1,8 million de livres.
Parmi les 52 lots, figure également “Portrait de Mr Minguell” de Picasso qui s’est pris d’amitié pour ce tailleur catalan probablement rencontré à Paris en 1901. La toile est estimée entre 700.000 et 1 million de livres.