Gazprom, en conflit avec le Bélarus, réduit ses exportations de gaz

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énérale du siège de Gazprom, le 3 janvier 2006 à Moscou (Photo : Yuri Kadobnov)

[21/06/2010 08:45:45] MOSCOU (AFP) Le géant gazier russe Gazprom, en conflit financier depuis plusieurs jours avec le Bélarus, a annoncé lundi avoir commencé à réduire ses exportations de gaz vers ce pays, tout en continuant de négocier avec lui pour parvenir à un accord.

“La dette n’a pas été réglée et depuis 10 heures du matin (06H00 GMT) ce 21 juin nous introduisons un régime de restriction de 15% des livraisons de gaz vers le Bélarus par rapport au volume quotidien” habituel, a déclaré le patron du groupe public russe, Alexeï Miller, selon les images retransmises par la télévision russe.

En l’absence d’accord, la baisse de livraisons se poursuivra pour arriver “graduellement à 85%”, a-t-il prévenu.

Un responsable du la société énergétique russe Beltransgaz a aussitôt dénoncé la décision de Moscou, la qualifiant d'”illégale et infondée”, a rapporté l’agence Interfax.

Régulièrement confrontée à des problèmes d’arriérés de paiement du Bélarus, la Russie avait donné jusqu’à lundi au Bélarus pour s’acquiter de sa dette gazière accumulée depuis le début de l’année et qui atteint selon Gazprom environ 200 millions de dollars.

De son côté, Minsk réclame à Moscou 200 millions de dollars pour le transit de gaz vers l’Europe par son territoire.

Les relations entre Moscou et Minsk en matière énergétique sont suivies de près par les clients européens de Gazprom, qui craignent des interruptions d’approvisionnement, 20% des importations de gaz russe de l’UE transitant par le Bélarus, le reste passant par l’Ukraine.

Les Européens avaient déjà subi en janvier 2009 une interruption de deux semaines des livraisons russes, en raison d’un conflit russo-ukrainien.

Le président russe Dmitri Medvedev a demandé lundi à M. Miller d’informer les clients européens de Gazprom de l’évolution de la situation, selon les images retransmises par la télévision russe.

“Il faut mettre en marche le système de notification de nos partenaires commerciaux”, a-t-il dit lors d’une rencontre avec le patron de Gazprom tôt dans la matinée.

Une source proche de Gazprom a pour sa part minimisé les risques encourus par l’Europe suite au conflit, suggérant que le Bélarus ne disposait guère de marge de manoeuvre.

“Beltransgaz n’est pas aussi flexible que (son homologue ukrainien) Naftogaz (…) Ils vont devoir chercher des accords et les chercher vite”, a dit cette source à Interfax.

Le patron de Gazprom avait en outre indiqué samedi que son groupe avait la possibilité de contourner le Bélarus pour honorer ses contrats avec les clients européens, en faisant transiter le gaz par l’Ukraine et la Pologne.

Les négociations entre Gazprom et une délégation bélarusse présente à Moscou se poursuivent lundi matin pour tenter de parvenir malgré tout à un accord, a indiqué un porte-parole de Gazprom, Sergueï Kouprianov. “Le groupe de négociateurs bélarusses se trouve chez Gazprom”, a-t-il dit à l’agence RIA Novosti.