érieurs de Jérome Kerviel, Eric Cordelle, à son arrivée au tribunal le 21 juin 2010 à Paris. (Photo : Jacques Demarthon) |
[21/06/2010 12:39:49] PARIS (AFP) 14H35 L’AUDIENCE REPREND, ARRIVEE DE MARTIAL ROUYERE, UN DES SUPERIEURS DE KERVIEL.
13H15 – FIN DE L’AUDITION D’ERIC CORDELLE, l’un des supérieurs de Jérôme Kerviel. REPRISE DE L’AUDIENCE A 14H30.
13H13 – Echec du contrôle – Pour rappel, en juillet 2008, la commission bancaire avait infligé un blâme et une amende de 4 millions d?euros à la Société Genérale pour des “carences graves du système de contrôle interne”.
13H12 – Bon élève, mais peut mieux faire – L’avocat de Jérôme Kerviel Me Metzner interroge Eric Cordelle sur l’appréciation de sa hiérarchie, fin 2007. “Ma hiérarchie était très contente de mon travail. Chose rare: mon n+1, mon N+2 et mon N+3 étaient là lors de l’entretien annuel. Ils étaient contents car j’avais su m’intégrer, car les résultats de l’équipe étaient satisfaisants. En revanche, la partie contrôles était présenté comme mon objectif pour 2008. Après l’apprentissage, en 2007, j’allais être le patron des traders.”
13H11 – Cage aux lions – Me Metzner poursuit un interrogatoire au ton mordant : “En huit mois, vous avez employé trois traders. Mais vous n’avez pas eu le temps de consulter la base de données des traders?” Réponse de Cordelle: “Il y avait d’autres priorités, bien plus vitales: c’était de faire que le business n’explose pas”. Metzner : “Est-ce que vous n’avez pas l’impression qu’on vous a mis dans une cage aux lions, sans vous prévenir que l’un, Kerviel, a déjà mordu deux fois? Qu’il a déjà fait du dépassement?” – “Rétrospectivement: la réponse est oui”.
12H34 – Tâches quotidiennes – “J’ai appris que vous ne lisiez pas les fichiers joints, ironise Me Metzner. Mais que faisiez-vous en tant que manager? Vous ne regardiez pas les volumes, la trésorerie?”. Eric Cordelle se lance alors, tant bien que mal, dans une description de la gestion de ses tâches quotidiennes, celles “d’un manager d’une équipe victime de sa croissance, qui a besoin de reprendre pied”.
12H25 – Guerre de chiffres – Me Huc-Morel, le jeune avocat qui seconde Me Metzner, interroge Eric Cordelle sur des aspects comptables, tableaux Excel à l’appui. L’ex-supérieur de Kerviel, mal à l’aise, se défend :”ce ne sont pas les fichiers d’origine”- “Lorsque vous regardez ce fichier à la date du 15 août 2007, vous constatez que la trésorerie de Jérôme Kerviel vous a coûté en terme d’intérêt débiteur 6 millions d’euros ?” demande l’avocat. “Je ne sais pas, le 15 août, c’est la première fois que je reçois ce fichier, et je ne regarde pas cette colonne”, tente d’expliquer Cordelle.
12H10 – Signes énervants – Me Metner interrompt brusquement l’interrogatoire de la partie civile. “Une avocate fait des signes à Cordelle pour lui dire comment répondre, s’énerve le conseil de Kerviel. Vous ne la voyez pas Monsieur le président, mais elle fait des signes!”
12H00 – Vie détruite – Me Martineau, un des avocats de la Société Générale, interroge Eric Cordelle sur les opérations frauduleuses : “Kerviel vous a-t-il parlé de ses prises de positions directionnelles hors mandat jusqu’à 30 milliards ?”-“Non, répond Cordelle, qui affirme qu’il serait “parti en courant du poste!” s’il avait été au courant. L’ancien supérieur de Kerviel l’accuse d’avoir détruit en partie sa vie personnelle et professionnelle. “Oui, je lui en veux. Enfin, je ne sais pas à qui j’en veux”.
11H56 – Affluence – Les bancs du public, comme ceux des journalistes, sont bondés ce matin. Les auditions des trois supérieurs de Kerviel, directement mis en cause par la défense, suscitent un grand intérêt. Ils pourraient être déterminants. En novembre 2008, pendant l?instruction, Jérôme Kerviel avait directement mis en cause ses supérieurs, affirmant qu?ils “avaient couvert ses transactions pendant plusieurs années ” et s?étaient servi de lui ” comme un fusible “
11H49 – Impossibles vacances – “Jérôme était particulièrement travailleur, il n’a pris que 4 jours de vacances en 2007”, raconte Eric Cordelle, qui avoue qu’il était souvent impossible pour les traders de prendre leurs congés. “C’est pas bien, mais ça arrange tout le monde. Il était quasi impensable que Jérôme puisse quitter son poste.”
11H45 – Serein. Le président revient à la charge: Eric Cordelle n’a-t-il rien remarqué dans l’attitude de l’ex-trader? “Je me demande aujourd’hui comment il faisait pour faire son travail de façon relativement sereine, se remémore son n+1. J’ai le souvenir de l’avoir vu se battre pour 1000 euros avec un client. Alors quand on découvre ensuite les 2,5 milliards de pertes, on n’a pas d’explication.”
11H42 – Pas de recherches. “Ces 2,5 milliards de pertes latentes, pourquoi ne vous crèvent-elles pas les yeux ?”, demande Dominique Pauthe. “Je ne sais pas comment elles ont été extirpées du système, explique Eric Cordelle, qui fait désormais face au tribunal à côté de Jérôme Kerviel, également debout. Mais personne ne les cherchait. Parce que Jérôme était quelqu’un de confiance, qui collaborait avec ses collègues. On n’imaginait pas qu’il puisse cacher ça au fond d’un portefeuille. Oui, c’est énorme, mais si on ne cherche pas, je comprends qu’on ne trouve pas.’
érome Kerviel, Olivier Metzner, à son arrivée au tribunal, le 21 juin 2010 à Paris. (Photo : Jacques Demarthon) |
11H37 – Kerviel, quelqu’un à surveiller – “J’en viens à ces “mouvements quasi stratosphériques” qui sont passés inaperçus, annonce le président. C’est vrai, c’est passé inaperçu les 30 milliards de positions?” Réponse de Cordelle: “Tout à fait”. “Comment c’est possible?”-“Elle étaient masquées” justifie-t-il. “Pourtant, des anomalies ont été décelées à partir d’avril 2007 (…) et ça a continué toute l’année. C’était quelqu’un à surveiller.” poursuit le président. “Ces problèmes comptables ne sont pas réglés à mon niveau”, se contente de répondre le supérieur de Kerviel.
11H00 – Mensonges crédibles – Le président enfonce le clou sur les écarts de trésorerie de Kerviel: “Jérôme Kerviel a déclaré, à propos de sa trésorerie fin 2007, qui s’élevait à 1,4 milliard, qu’elle aurait dû être 70 fois moins importante”. Réponse de son ex-supérieur: “Jérôme a toujours su trouver des raisonnements et des explications convaincantes. Concrètement, il mentait du début à la fin, mais chaque fois qu’il m’expliquait quelque chose, c’était crédible.” “Certes il avait une très bonne progression (de ses résultats) (…), mais il choisissait ses chiffres pour que ça ait l’air crédible”.
10H50 – Ecarts anormaux – Le président en vient à la question de la trésorerie de Kerviel qui présentait des écarts anormaux qui auraient dû, selon la défense, alerter sa hiérarchie. “La trésorerie n’est pas représentative des résultats, je ne voyais pas ça comme un outil de contrôle”, explique-t-il, un peu embarrassé. “Le fait qu’une trésorerie fluctue ne signifie pas qu’il y a fraude”. Placé à sa droite, un peu en retrait, le prévenu Kerviel a le visage fermé des mauvais jours, les yeux cernés, il dévisage son ancien chef, le regard acéré.
10H30 – Dans l’ignorance – Le président interroge Eric Cordelle sur le contrôle des opérations des traders. Réponse édifiante: “Je n’avais ni les moyens ni la connaissance pour le faire. Je se savais pas utiliser Eliot (la base de données des traders). J’ai eu une formation de deux heures, je savais rentrer mon identifiant et puis voilà. Vérifier les transactions une à une, c’est peut-être ce que j’aurais dû faire plus tard, quand j’aurais été formé. Mais pour faire cela, il aurait fallu suspecter la fraude”. Le n+1 de Cordelle explique alors ne pas avoir été informé des précédents dépassements de Kerviel (il avait notamment été épinglé en 2005).
10H25 – Point de vue – “J’ai déménagé 4 fois en l’espace de huit mois, j’ai dû passer 15 jours ou trois semaines à côté de Jérôme”, relate Eric Cordelle, qui explique avoir navigué géographiquement sur le desk, pour finir à l’extrémité d’une ligne de traders. “Vous aviez un point de vue privilégié?”-“Non, au Japon on est assis face aux gens qui travaillent, de là on a un point de vue privilégié. Là j’étais au milieu”.
10H00 – Kerviel, “quelqu’un de fiable” – Le président poursuit son interrogatoire: “Quel tableau vous a dressé Martial Rouyère de ce desk?”. “Delta One avait la réputation d’avoir beaucoup beaucoup de travail. C’était des produits très simples, mais cela exigeait d’être toujours devant son écran”, se souvient Eric Cordelle.”Et l’équipe?”-“Il y avait des gens sur qui on pouvait s’appuyer. Jérôme en faisait partie: ll travaillait bien, avait des résultats en croissance, c’était quelqu’un de fiable”-“Performant?”-“Oui, performant”.
9H55 – Méconnaissance dissimulée – “Quelle est votre formation?”, interroge Dominique Pauthe. “J’ai reçu une formation d’ingénieur à Polytechnique, puis une spécialisation en statistiques à l’ENSAE. Je n’avais aucune expérience du trading”, répète Cordelle. C’est Martial (Rouyère, le n+3 de Kerviel) qui m’expliquait le métier. Il ne fallait pas que je montre aux traders que je ne connaissais pas le métier.”
9H50 – Procédure aux prud’hommes – “J’ai appris qu’il y avait des soucis avec Jérôme autour du 18 janvier 2008, je n’ai pas participé à ce qui s’est passé ce week-end là (où Jérôme Kerviel a été cuisiné après la découverte de la “fraude”), raconte Eric Cordelle. Une semaine plus tard, j’ai appris qu’une procédure de licenciement était lancée. Début avril 2008, j’ai saisi les prud’hommes, et j’ai été officiellement licencié en mai”. “Pour insuffisance professionnelle”, précise le président, Dominique Pauthe, avant de demander: “Y a -t-il eu une transaction financière?”. “Non, répond le témoin, d’ailleurs, je suis toujours en procédure aux prud’hommes”.
9H45 – Pas trader – Eric Cordelle explique avoir officié pendant 5 ans au Japon dans l’ingénierie, pour la SocGen. Il rentre fin 2006 à Paris, c’est là qu’on lui propose de manager le desk Delta One produits listés. “Ils avaient besoin d’un manager car il n’y avait plus personne depuis plusieurs mois, explique le témoin. Je n’étais pas trader, mais j’avais acquis des bases de management au Japon. C’était une équipe jeune, Jérôme faisait partie des seniors.”
9H38 – ERIC CORDELLE: LE N+1 – C?est le patron du desk « Delta One Listed Products », supérieur direct du prévenu, à partir de 2007. Polytechnicien, Eric Cordelle officiait auparavant pour la SocGen à Tokyo, mais il n?a aucune expérience du trading lorsqu?il est nommé à La Défense. Pour l?instruction, c?est son arrivée qui a laissé le « champ libre » à Kerviel. Il a d?ailleurs été débarqué de la banque après l?affaire. Ses confrontations avec Kerviel pendant l?instruction ont été très tendues : pour le prévenu, Cordelle, qui travaillait « à deux mètres de son propre poste » et était censé faire le reporting quotidien de ses opérations, est responsable. L?intéressé affirme quant à lui n?avoir « jamais été au courant des positions dissimulées » du trader : « en plus d?être un fraudeur », Jérôme Kerviel est « un menteur », a-t-il déclaré à Renaud Van Ruymbeke.
9H40 – Recherche d’emploi – Le n+1 de Kerviel pénètre dans la salle d’audience, il décline son état civil. Grand et élancé, cheveux châtains, le supérieur direct de Kerviel est cité par la défense. Il a 38 ans et se présente comme “à la recherche d’un emploi”
9H35 – REPRISE DU PROCES AVEC LE TEMOIGNAGE D’UN DES SUPERIEURS DE KERVIEL, ERIC CORDELLE.
érôme Kerviel, le 21 juin 2010 à Paris à son arrivée au tribunal. (Photo : Jacques Demarthon) |
9H28 – LA STRATEGIE DE DISSIMULATION DE KERVIEL – Pour dissimuler ses positions, Kerviel saisissait, ou faisait saisir par son assistant, des opérations fictives en sens inverse dans la base de données des traders, la base « Eliot ». Il utilisait aussi le mode « pending » (en attente), qui lui permettait d?échapper au contrôle de back-office. Pour la commission bancaire, c?est la diversité des techniques employées par Kerviel qui a brouillé les pistes. Une analyse reprise par le juge d?instruction Van Ruymbeke : « ce sont les mensonges réitérés qui ont mis en échec les procédures de contrôle », écrit-t-il dans l?ordonnance de renvoi devant le tribunal correctionnel.
9H25 – AU MENU DE L’AUDIENCE DU JOUR – Le procès de Jérôme Kerviel entre dans sa troisième et dernière semaine. Le tribunal poursuit aujourd?hui son examen des contrôles -infructueux- opérés par la Société Genérale sur les opérations de son trader. Les trois supérieurs directs du prévenu, témoins très attendus, doivent se succéder à la barre : Eric Cordelle (n+1), Martial Rouyère (n+2) et Philippe Baboulin (n+3). Depuis le début de son procès, le prévenu scande sa thèse comme un leitmotiv : sa hiérarchie ne pouvait pas ne pas être au courant de ses prises de risques, qui ont fini par conduire début 2008 à la perte de 4,9 milliards d’euros pour laquelle il est jugé. Poursuivi notamment pour abus de confiance et faux, l?ex-trader encourt 5 années de prison et 375 000 euros d?amende.