Le slogan de SIFE est : “We Will Change the World!!” (nous changerons le monde). “Au début de l’aventure SIFE, cette phrase ne revêtait pas pour moi une signification particulière, aujourd’hui, je suis fier car nous sommes devenus plus qu’une équipe, nous sommes devenus une famille. Côte à côte, face aux défis et aux obstacles, nous avons résisté, nous n’avons pas été avares de nos efforts, ni de notre temps”. Celui qui s’exprime ainsi est un étudiant à l’Ecole supérieure des sciences économiques et commerciales de Tunis.
Il travaille avec ses amis sur le programme SIFE pour le développement de l’entrepreneuriat à l’université. Mais pas n’importe quel entrepreneuriat, un entrepreneuriat résolument humain, tourné vers l’environnement, vers le social sans pour autant perdre de vue une importance composante du monde entrepreneurial, celle du profit suivant en cela le proverbe chinois qui dit que «C’est par le bien-faire que se crée le bien-être».
«Grâce au programme SIFE, nous avons compris ce que c’est que d’avoir l’esprit d’équipe, l’esprit d’initiative, à être conscients de notre rôle et notre responsabilité envers notre pays et nos concitoyens et sortir de notre petit cocon d’étudiants inactifs socialement pour se préoccuper de notre environnement et réfléchir à des projets qui peuvent soulager la souffrance de certaines franges de notre société».
Le Projet
Il s’agit de doter les familles habitant les régions enclavées du pays et qui vivent, entre autres, de l’élevage du bétail des moyens de profiter d’un minimum de confort. Ces familles sont privées de commodités telles en l’électricité, l’eau et le gaz. Le choix de l’équipe SIFE s’est porté sur la région de Boussalem au Nord-Ouest du pays.
L’idée est donc de créer une source d’énergie, en créant du biogaz à partir des résidus et détritus d’animaux. C’est une récupération des matières organiques pour en fabriquer un gaz qui profite aux habitants aux moindres coûts et sans porter agresser la nature. Des dimensions utilitaires écologique sociale et économique puisque le procédé épargne à l’Etat sur les courts et moyens termes, la mise en place d’infrastructures lourdes et coûteuses et évite le déboisement. Les usagers peuvent ainsi créer de l’électricité et utiliser la chauffe eau grâce à des groupes électrogènes fonctionnant au gaz.
Afin de concrétiser le projet, le groupe d’étudiants SIFE a approché un jeune diplômé en chimie originaire de la région, en chômage depuis quelques années. Le but est de l’aider à monter une entreprise semi-industrielle qui construit et met en place les installations de biogaz à usage domestique dans les zones agricoles et rurales enclavés.
Montrer le chemin
En soutenant ce jeune chômeur, en l’aidant dans ses démarches administratives, dans la réalisation des études nécessaires et dans la mise en place d’un projet pilote, en le formant et en lui apprenant à manager son projet de manière saine, les jeunes de SIFE ambitionnent de créer un antécédent dans la région et de convaincre les populations ainsi que les autorités locales des bienfaits de l’énergie verte et de son efficience. Le dispositif du réservoir biogaz, conçu de manière artisanale, nécessite un minimum de 500 dinars.
Pour créer leur premier modèle, un bio-digesteur, les «Sifeurs» ont dû peiner. Ils ont dû retrousser leurs manches et ont joué aux maçons jusqu’à 4 heures du matin. Car le dispositif nécessite de creuser une grande fosse à des dizaines de mètres du lieu d’habitation, à construire un réservoir avec du ciment pour qu’il soit étanche et à se procurer des tuyaux pour canaliser le gaz produit par le bio-digesteur jusqu’aux lieux d’installation du chauffe-eau et du groupe électrogène.
Encourager la construction de réservoirs à biogaz, alimentés par les excréments animaux a cela de bien de permettre à des familles vivant dans des situations de précarité d’avoir accès à une source d’énergie renouvelable pour leurs besoins en éclairage et de cuisine, mais pareil projet permet également d’améliorer l’hygiène et l’assainissement autour des habitations. Ceci pour ce qui est de l’utilité économique et sociale, pour ce qui est des aspirants entrepreneurs. Laissons leur le soin de s’exprimer : «Nos rencontres, toutes les personnes que nous avons côtoyées et avec lesquelles nous avons travaillé nous ont profondément bouleversés, leur générosité, leur volonté de vivre et leur sérénité malgré leur manque de moyens nous ont marqués».
Et pour terminer, ils citent Gandhi qui a dit que “Nous devons être le changement que nous voulons voir dans ce monde”. Par conséquent : «si nous avons changé, c’est que nous avons aussi un petit peu changé le monde. C’est ça le véritable sens de cette parole de sagesse du Grand Mahatma», assurent-ils.
Le programme SIFE par les valeurs qu’il est en train de véhiculer et d’inculquer aux jeunes universitaires nous révèle que notre jeunesse n’est pas égoïste, n’est pas limitée, n’est pas avare de ses efforts et même de ses moyens matériels limités. Pour faire du bien autour d’elle, pour se tourner vers l’autre, elle a tout juste besoin d’être guidée et d’être motivée. Elle a besoin de sentir qu’elle est utile à son pays et à son peuple. Et le fait de voir des étudiants sacrifier de leur temps, de leur argent, de leur sommeil pour entreprendre et créer représente la parfaite illustration des richesses que recèle la Tunisie.
La Tunisie a toujours accouché de belles âmes, elle en reste toujours capable. Si seulement nos entreprises donnent du leur en sponsorisant et aidant pareils projets et pareils jeunes.
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